Des professionnels majoritairement à Bac+3, plus de femmes, un nombre croissant de jeunes opticie(ne)s en cabinets d’ophtalmologiste, le salaire comme critère de choix de son emploi : telles sont les conclusions principales de l’enquête menée début 2021 par l’Association des optométristes de France*. Elle fournit un état des lieux assez complet de vos conditions professionnelles.

C’est un fait désormais bien connu : en 2021, les opticiens sont majoritairement des opticiennes. Elles représentent 65% des répondants de l’enquête. Ce qui correspond peu ou prou aux dernières données de la Drees : toutes tranches d’âges confondues, la profession est exercée à 57% par des femmes. Chez les moins de 35 ans, cette proportion monte même à 67%.

« L’opticien est majoritairement une opticienne. Et la féminisation de la profession, bien entamée, va se renforcer dans les années à venir »

Autre élément structurant du marché de l’emploi en optique : 7 répondants sur 10 ont suivi une formation post-BTS. Dans notre dernière enquête Bien Vu (lire Le guide de l’emploi Bien Vu 2021), 73% des jeunes diplômés poursuivent leurs études, majoritairement en alternance, après leur diplôme. Cette tendance à considérer le BTS-OL comme une étape dans la formation, et non comme une finalité en soi, se confirme d’années en années depuis 2000.

13% des opticiens travaillent en cabinet ou centre d’ophtalmologie

Quels sont les secteurs d’activité où exercent les opticiens ?

Quels sont les secteurs d’activité où exercent les opticiens

Source : enquête AOF 2021 – crédit Bien Vu

Phénomène relativement récent : la progression des opticiens travaillant en cabinet d’ophtalmologistes. Selon l’enquête de l’AOF, 13% d’entre eux y exercent leur métier, tandis que 82% le font en magasin. Dans l’analyse de ce pourcentage, n’oublions pas d’intégrer la sur-représentation dans les répondants à l’enquête des adhérents de l’association qui ont donc une formation en optométrie. Ce qui fait dire à l’AOF : « Les cabinets d’ophtalmologie sont le 2e employeur des opticiens. » Il n’empêche : les ophtalmologistes embauchent principalement les moins de 35 ans, avec un pic chez les 26-35 ans : près de 20% des 26-35 ans exercent en cabinet, un pourcentage qui retombe bien en deçà de 10% pour les plus de 35 ans et diminue fortement avec l’âge.

« Si 8 opticiens sur 10 travaillent en magasin, ils sont 13% en 2021 à collaborer avec des ophtalmologistes, et près de 20% chez les 26-35 ans »

Une évolution que corrobore, côté ophtalmologistes, le nombre de professionnels qui travaillent désormais avec au moins 1 opticien. 12,7% des ophtalmologistes collaborent avec des opticiens salariés, soit une progression de 3 points entre 2019 et 2020 (source Snof, Syndicat national des ophtalmologistes de France), avec dans certaines régions (Corse, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val-de-Loire, Hauts-de-France, Grand-Est) une proportion qui dépasse les 20%.

« L’évolution des prérogatives des opticiens renforcera-t-elle l’attractivité du travail en magasin pour les moins de 35 ans ? »

Cette « attractivité » du travail chez les ophtalmologistes auprès des plus jeunes opticiens et de ceux qui ont un niveau d’études plus élevé (en cabinet d’ophtalmologie, 30% des opticiens ont un niveau Bac+3 et 70% Bac+4/5, tandis qu’en magasin on trouve 30% d’opticiens BTS-OL) est une raison supplémentaire des difficultés de recrutement en magasin depuis 5 ans. L’évolution de l’organisation entre les 3 « O » (ophtalmologistes, orthoptistes, opticiens) devrait atténuer cette tendance, en rendant plus attractif, pour les licences pro et Bac+3, l’exercice du métier en magasin. A l’inverse, elle pourrait entraîner une croissance des offres d’emploi pour les opticiens dans les cabinets et centres d’ophtalmologistes.

Une question de salaire ?
D’autant que les salaires y sont meilleurs en moyenne qu’en magasin. Or, c’est un des enseignements de l’enquête de l’AOF, l’élément le plus important pour le choix d’un travail aux yeux des employés reste le salaire. Avant l’ambiance et la qualité de la pratique professionnelle.

« Quel que soit l’âge des répondants, avec comme seule exception les 51-55 ans plus sensibles à l’ambiance, le salaire est le critère principal de choix de son travail »

On constate que c’est en magasin que le salaire horaire net moyen est le plus faible (14,92€). Avec une disparité en fonction des régions (voir carte ci-dessous). Comparativement, un opticien en cabinet est rémunéré 15,79€ de l’heure. Certes, cela ne représente qu’une différence de 6%. Néanmoins, elle est plus importante en début de carrière (de l’ordre de 20%, un opticien en magasin touchant en début de carrière en moyenne 1 607€ mensuel net). Enfin, c’est dans l’industrie et l’enseignement/formation que les salaires apparaissent les plus attractifs (19,27€ et 19,6€).

Salaire horaire net moyen par région

Salaire horaire net moyen par région

Source : enquête AOF 2021

Au-delà de ce différentiel, constate-t-on que les salaires en magasin sont inférieurs aux prétentions des candidats ? Pas vraiment. Selon les répondants, un BTS-OL débutant peut prétendre à 1 540€ net mensuel, un CQP 1 630 €, un Bac+3 1 755€ et un Bac+4/5 1 758€. On note que les répondants ne valorisent pas tellement, en début de carrière, leurs études jusqu’au niveau doctorat qui introduit visiblement un changement important dans leur esprit (2 346€ net mensuel).

A niveau de diplôme égal, salaire égal femmes-hommes… ou presque

Avec la féminisation progressive du métier, qu’en est-il des écarts de salaires entre opticiennes et opticiens ? De ce point de vue, le secteur fait plutôt figure de bon élève : alors que l’écart de salaires à caractéristiques professionnelles et formations égales s’élève toujours en France à 8% (source Insee 2020), il se situe entre 4 et 7% pour les professionnels de l’optique (7% pour les Bac+4/5).

Ecarts de salaires horaires nets moyens entre hommes et femmes selon le niveau de formation

Ecarts de salaires horaires nets moyens entre hommes et femmes selon le niveau de formation
Source : enquête AOF 2021

Néanmoins, on peut se demander si la féminisation du métier (alors même que le niveau d’études s’accroît) n’a pas entraîné une convergence vers le bas, sachant que, partout ailleurs, les progrès sur le marché du travail sont encore en deçà des évolutions observées dans la formation.

* Enquête diffusée sur les réseaux sociaux et la presse professionnelle. 2 695 répondants dont une forte participation des 18-30 ans (près de 50% des répondants alors qu’ils ne représentent qu’environ 25% de l’ensemble des opticiens), plus faible chez les 45 ans et plus. 84 % de salariés et 16 % de TNS (travailleurs non-salariés, gérants, responsables, etc.).