Mars 2024

Mensuel pratique et interactif de l’optique

Édito

Le choix de l'autonomie

La cyberattaque subie par 2 de vos plateformes de TP en février a agi comme un révélateur pour nombre d’entre vous. La pratique du tiers payant est un service dont vos clients ont parfois besoin pour accéder à leur équipement. Mais son dysfonctionnement a entraîné, de fait, un “blocage” de votre activité à même de menacer vos trésoreries, déjà mises à mal pour certains. Or, compte tenu de la fréquence et de la sophistication des effractions numériques, il apparaît illusoire de s’en prémunir complètement. Tout au plus peut-on chercher à limiter les conséquences de ces fuites de données. Pour vous comme pour vos clients.
De ce point de vue, l’épisode de février dernier a le mérite d’inciter la filière à se poser les “bonnes questions”. Celle de la transmission des données de santé via ces plateformes et de leur minimisation au premier chef. Sujet pour le moins épineux et récurrent depuis des années. Pour rappel, en novembre 2022, la Cnil a rendu un avis concernant ce transfert : son encadrement a été jugé insuffisant, comme les garanties de respect de la vie privée des personnes et la sécurité juridique des professionnels de santé et des Ocam. À l’issue de l’enquête ouverte par la Cnil suite aux piratages de février, on peut espérer que la Commission aille plus loin qu’en 2022.
Dans l’attente, cette actualité des piratages valide la nécessité pour notre filière de mettre en place un système de traçabilité et de conformité via une blockchain. La Fnof a présenté en 2023 son système, neutre, avec tiers de confiance indépendant du secteur, et qui permet de protéger les données de santé des clients tout garantissant la traçabilité des produits. Ce mois-ci, le Rof met en avant sa propre solution de blockchain dont l’objectif est semblable. La filière optique n’est pas la seule à réclamer un tel système d’échanges de données minimisées, simple, sécurisé, synonyme de gain de temps et de maîtrise de toute la chaîne par les parties prenantes. Les audioprothésistes y voient également un avantage.
Efficience, sécurisation, minimisation des données, traçabilité, moindre coût : les atouts d’une blockchain sont nombreux. Elle donnerait à notre secteur et à la filière, qui a longtemps pâti de sa réputation d’opacité, une transparence indispensable et lui permettrait de gagner en autonomie. Le principe du projet est commun. Mais, pour le moment, les solutions avancées ne le sont pas. Reste à savoir si les parties prenantes (opticiens, fabricants, Ocam) vont s’accorder sur une proposition commune. Et tirer les leçons de l’actualité. Il serait dommageable qu’encore une fois, la filière dans son ensemble rate le coche et manque ce rendez-vous.

Marie-Dominique Gasnier