Juillet-Août 2024

Mensuel pratique et interactif de l’optique

Édito

"Simplifier, clarifier, encadrer"

La “complexité” du système de santé et du parcours de soins, pour les patients comme pour les professionnels de santé, nourrit les dérives. Et la nature ayant horreur du vide, la persistance de déserts médicaux dans de nombreux départements français entretient la course aux solutions en marge de tout cadre réglementaire.
La Haute Autorité de Santé et la cour des Comptes ont récemment préconisé un encadrement prenant en compte les besoins locaux des patients. Mais, en l’absence de solution encadrée, coordonnée entre professionnels de santé et adaptée aux situations locales, les modèles en marge de toute légalité se multiplient. Avec, comme conséquence, des coûts pour la collectivité.
La récente plainte de la caisse primaire d’Assurance maladie de Charente suite à des pratiques illégales au centre Laser Vision en est une bonne illustration, avec exercice illégal de l’orthoptie par des optométristes, confusion dans les titres, télémédecine non encadrée… À travers cet exemple, on voit bien la nécessité de rappeler les prérogatives de chacun des intervenants de la filière, y compris des assistants médicaux, dans le parcours de soins visuels. Il met en lumière également l’urgence à encadrer strictement la télémédecine. Mais comment ? Encadrer la télémédecine oui, mais tout en répondant aux problématiques d’accès à l’ordonnance dans les déserts ophtalmologiques et… orthoptistes, puisque, on le sait, la répartition géographique des orthoptistes suit celle des ophtalmologistes. En l’occurrence, en Charente, on compte 4,9 ophtalmologistes pour 100 000 habitants (contre 8,5 en moyenne nationale) et 4 orthoptistes pour 100 000 habitants (contre 9,8 en moyenne nationale). Une situation de “désert ophtalmologique” rappelée par les élus locaux, qui se sont félicités de l’initiative du centre Laser Vision pour “service rendu à la population”.

Il y a donc urgence à simplifier, clarifier, encadrer un parcours de soins visuels devenu trop compliqué à comprendre pour les patients, les professionnels de santé ou nos élus. Avec le renouvellement des représentations syndicales des 2 “O” (ophtalmologistes et opticiens) depuis un an, on note la volonté de part et d’autre d’un dialogue constructif pour mettre en place de nouveaux protocoles d’échanges et de coordination au sein du parcours de soins entre les professionnels de la filière de santé visuelle. Une nouvelle approche dont on peut se féliciter et qui, espérons-le, débouchera rapidement sur une amélioration tangible de l’accès aux soins visuels pour tous.

Marie-Dominique Gasnier