Mai 2022
Mensuel pratique et interactif de l’optique
Édito

François Braun, le ministre de la Santé, l’avait annoncé en janvier. Le dernier comité de suivi du 100 % Santé, qui s’est tenu le 18 avril dernier, en présence de tous les acteurs, syndicats professionnels des secteurs concernés et Ocam, l’a confirmé : les pouvoirs publics souhaitent relancer le 100 % Santé, plus de 3 ans après la mise en place de la réforme. Selon une feuille de route qui reste encore assez opaque et des modalités à définir plus précisément. Parmi les “chantiers” proposés par le ministère pour inciter au “développement de l’offre 100 % Santé” et augmenter la part d’équipements de panier A ou mixte dans les ventes optiques, certains sont déjà dans les tuyaux depuis longtemps : questionnaire de satisfaction aux clients, intégration au sein du panier A des verres de fortes corrections, une demande de longue date de la filière visuelle pour “boucher les trous dans la raquette” de la réforme.
On peut s’interroger, en revanche, sur les autres pistes évoquées par le ministère. Intégration des verres de contrôle myopique dans l’offre 100 % Santé ? L’objectif de rendre accessible à tous les enfants myopes “progresseurs” ce dispositif est louable. Surtout quand on sait que le coût de ces verres, quasiment pas pris en charge par l’assurance maladie (0,03 € par verre) peut être un frein au traitement. Mais pourquoi, dès lors, ne pas simplement améliorer cette prise en charge par la création d’un code LPP spécifique ? Favoriser l’économie circulaire avec une offre de montures de “seconde main” dans le panier A ? On pourrait se féliciter du souci des pouvoirs publics d’accompagner la transition écologique du secteur… On peut aussi y voir un simple effet d’annonce, destiné à tomber rapidement aux oubliettes, faute d’évaluation précise de la faisabilité de la mesure. Mettre en place un bonus, une prime sur objectif, pour les opticiens “ bons élèves” du 100 % Santé ? À partir de quel pourcentage de vente d’offres panier A ou mixte ? Au-delà des 18 % annoncés par la Cnam ? Au-delà des 20 % évoqués lors de la présentation de la réforme, il y a 5 ans ?
Syndicats de la filière comme Ocam l’ont pourtant rappelé à l’occasion de ce comité de suivi : si le 100 % Santé en optique peine à trouver sa place au-delà de ces taux (au contraire de ce qui se passe en audio ou en dentaire), c’est bien parce qu’il ne répond pas à un besoin des porteurs ni à une véritable difficulté d’accès aux équipements optiques. Et non parce que les opticiens ne “vendent” pas assez la réforme en magasin. Avant d’envisager d’étendre l’offre 100 % Santé en optique par ce type de mesures “rustines”, les pouvoirs publics devraient plutôt s’attacher à respecter les engagements pris il y a 5 ans : améliorer l’accès à l’ordonnance dans les zones sous-dotées en ophtalmologistes et réformer enfin la formation des opticiens pour une véritable coopération des 3 “O” au sein de la filière visuelle.