Alors que le mois de septembre marque la fin du « rebond » post-confinement, l’optique poursuit sa tendance dynamique, y compris dans les centres commerciaux, tout comme les commerces de proximité. Toutefois, elle doit prendre en compte les bouleversements liés à la crise sanitaire qui perdure et affecte les équilibres actuels du retail.

L’optique confirme son dynamisme

Alors que de nouvelles restrictions sanitaires (extension du couvre-feu ou re-confinement partiel sur la totalité ou une grande partie du territoire) vont être annoncées ce soir, l’optique semble toujours épargnée par l’essoufflement qui gagne le commerce spécialisé depuis la rentrée. Selon la dernière note de conjoncture de Procos* (la Fédération pour la promotion du commerce spécialisé), le mois de septembre marque la fin du « rebond » pour toutes les enseignes avec une activité à peine positive : +0,6% (vs septembre 2019). En cumul des ventes entre janvier et septembre 2020, le retard pris par rapport à 2019 reste de -20% en moyenne tous secteurs confondus. Mais ce résultat cache de grandes diversités sectorielles.

Evolution CA magasins à surface égale et web entre septembre 2020 et septembre 2019

Evolution CA magasins à surface égale et web entre septembre 2020 et septembre 2019

Source : Panel Procos – crédit : Bien Vu

Parmi les « gagnants » qui poursuivent leur tendance dynamique initiée courant mai : l’équipement de la maison, le sport et l’optique. Avec une croissance du CA des enseignes optiques** du panel de +15,3%, cette dernière bénéficie, sans aucun doute, de son adaptation aux restrictions et contraintes sanitaires, avec en particulier la mise en place depuis mai de protocoles sécurisés et la systématisation de la prise de rendez-vous. Et l’achat optique correspond à un besoin.

Les grands ensembles commerciaux pénalisés, le commerce de proximité privilégié

La crise sanitaire n’affecte donc pas de la même manière tous les secteurs. Elle touche également très différemment les commerces en fonction de leur implantation. « L’impact des mesures sanitaires a créé de fortes polarités territoriales, en raison du caractère anxiogène de la situation », selon Procos. Si la fréquentation générale des magasins s’essouffle depuis septembre, ce sont les grands pôles de commerce (grands centres-villes des métropoles, grands centres commerciaux) qui s’avèrent les plus pénalisés. Les petits centres-villes, les moyennes surfaces de périphérie et les retail parks (où l’équipement de la maison et le sport sont surreprésentés) semblent plus favorisés.

« L’impact des mesures sanitaires a créé de fortes disparités territoriales »

La situation est particulièrement difficile en Ile-de-France et à Paris. La capitale subit de plein fouet 4 phénomènes liés à la crise sanitaire : le maintien à un niveau élevé du télétravail (30% sur la région parisienne, soit 2 à 3 fois plus que dans les autres régions), l’absence de touristes étrangers, la méfiance vis-à-vis des transports en commun, la suspension de la vie culturelle normale. Résultat, en septembre, l’activité des commerces enregistre une chute de -16,7% (par rapport à septembre 2019).

Evolution comparée du CA magasins en fonction de l’implantation septembre 2020 vs septembre 2019

Evolution comparée du CA magasins en fonction de l’implantation septembre 2020 vs septembre 2019

Source : Panel Procos – crédit : Bien Vu

Plusieurs raisons à cela. Crainte des consommateurs d’aller dans des lieux fermés ou avec beaucoup de monde, climat peu propice au shopping qui limite la fréquentation des commerces au seul besoin d’achat ? Sans aucun doute. Le recours important au télétravail a également eu pour effet de privilégier la notion de proximité et de modifier fortement les flux habituels de la consommation. Cette tendance initiée à partir de mars dernier rencontre en outre l’aspiration « pré-covid » croissante chez certains Français d’une consommation plus raisonnée s’appuyant sur des circuits courts.

Quels flux post-Covid ?

Selon Procos, c’est bien la question centrale que se posent tous les commerces. « Quelle sera la proportion de télétravail post-Covid et ses impacts sur les lieux de bureau et commerces associés ? Comment vont se redéfinir les choix de lieu d’habitation et en matière de mobilité ? » Si les réponses à ces interrogations dépendent en grande partie des semaines et mois à venir comme de la durée de la crise sanitaire, il est une mutation que cette dernière aura boostée dans tous les secteurs du commerce : la digitalisation. « Ceux qui y étaient déjà très engagés ont accéléré leur projet. D’autres très en retard ont dû le faire par contrainte et ont rapidement trouvé des solutions qui, souvent, étaient en réflexion », note Procos.

Dans l’immédiat, la remise en cause de l’activité commerciale des deux derniers mois de l’année, si 2confinement partiel ou total il y a, inquiète tous les acteurs du commerce, optique comprise. Et laisse planer la crainte d’une nouvelle menace sur les trésoreries, avec, de surcroît, le « mur » de dettes (report de charges, de loyers, PGE…) déjà accumulé.

*Fédération qui rassemble près de 300 enseignes, toutes activités, tous formats de magasins et types de développement, plus de 60 000 points de vente.

** Acuitis, GrandVision (Générale d’Optique, Grand Optical), Krys Group (Krys, Lynx Optique, Vision Plus), Lissac, Optic 2000