La question des déserts médicaux est devenue centrale pour les pouvoirs publics. Si l’accès aux ophtalmologistes s’est améliorée dans certains départements depuis 2 ans, le fossé entre les zones sous-dotées et les territoires suffisamment pourvus ne se résorbe pas*. Une problématique territoriale à laquelle les opticiens entendent répondre, compte tenu de leur maillage territorial homogène.

Les départements « vieillissants » s’enfoncent dans le désert médical

L’accès à la prescription continue de s’améliorer : en 2021, 29 départements affichent une densité d’ophtalmologistes supérieure à la moyenne nationale (8,5/100 000 habitants). Les mieux lotis sont situés dans le Sud-Est, le Sud-Ouest, le Rhône, la capitale et la petite couronne parisienne, l’Alsace et les Pays-de-la Loire. S’y ajoutent la Loire, l’Indre-et-Loire, le Maine-et-Loire, la Drôme, la Côte d’Or et les Hautes Alpes.

Mais 64 départements restent en sous-démographie (inférieure à 8 ophtalmologistes/100 000 habitants). Plus inquiétant, dans 23 d’entre eux, on dénombre moins de 5 ophtalmologistes/100 000 habitants. Et cette sous-démographie médicale touche prioritairement les territoires qui comptent une population « vieillissante » (plus de 30% de plus de 60 ans), dont les besoins en santé visuelle sont les plus importants.

Carte des 3 « O » par département

Passez sur les départements pour obtenir les données des 3 professions, opticiens, orthoptistes, ophtalmologistes (effectifs et densité pour 100 000 habitants) et le pourcentage des personnes de plus de 60 ans

La variation d’intensité des couleurs (du plus foncé au plus clair) correspond à une densité plus ou moins forte des professionnels pour 100 000 habitants.

Source : Répertoire ADELI- Drees, données 2022

Carte et crédit : Bien Vu

La variation d’intensité des couleurs (du plus foncé au plus clair) correspond à une densité plus ou moins forte des professionnels pour 100 000 habitants.

Source : Répertoire ADELI- Drees, données 2022

Carte et crédit : Bien Vu

La variation d’intensité des couleurs (du plus foncé au plus clair) correspond à une densité plus ou moins forte des professionnels pour 100 000 habitants.

Source : Répertoire ADELI- Drees, données 2022

Carte et crédit : Bien Vu

La variation d’intensité des couleurs (du plus foncé au plus clair) correspond au pourcentage plus ou moins élevé des personnes de plus de 60 ans.

Source : Répertoire ADELI- Drees, données 2022

Carte et crédit : Bien Vu

A noter : la situation des Drom (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion et Mayotte), qui ne figurent pas sur cette carte, reste contrastée. Si la Guadeloupe affiche une sous-dotation en ophtalmologistes (7,5/100 000 habitants, en hausse néanmoins par rapport à l’année dernière) et orthoptistes (4,6/100 000 habitants, en recul), la Martinique, de son côté, bénéficie d’une bonne densité d’ophtalmologistes (8,8/100 000 habitants, en baisse toutefois vs début 2021). Guyane, Réunion et Mayotte restent largement sous-dotées dans les 3 professions, ophtalmologistes, orthoptistes mais aussi opticiens. Seule exception, une forte densité d’orthoptistes à La Réunion (12,1/100 000 habitants).

La primo-prescription aux orthoptistes, une solution ?

Inscrite dans le PLFSS 2022, la primo-prescription accordée aux orthoptistes entre en vigueur ce mois-ci. Une mesure qui devrait fluidifier le parcours patient. Mais insuffisante pour résoudre les difficultés d’accès aux soins visuels partout : avec une densité moyenne de 8,4/100 000 habitants, les orthoptistes restent très inégalement répartis sur le territoire. Et, là encore, ce sont les départements où la proportion de population de plus 60 ans est supérieure à la moyenne nationale qui sont les plus mal dotés.

Approfondir la coopération entre les 3 « O » par l’extension des délégations de tâches aux opticiens

C’est une demande de longue date des opticiens. Le rapport de l’Igas de 2019 a émis plusieurs recommandations en ce sens, qui restent, à l’heure actuelle, lettre morte. Fin octobre 2022, le président de la République a manifesté sa volonté d’aller plus avant dans cette coopération. Une évolution inéluctable au regard de ce qui se passe pour les autres paramédicaux (pharmaciens, infirmières, etc.). Mais qui ne se traduit pas pour le moment dans les faits.

Dans l’attente, les enseignes d’opticiens ont testé des solutions de téléconsultation en magasin. Et Alain Afflelou a lancé fin 2022 ses premiers espaces de téléconsultation, qui seront déployés dans près de 200 magasins situés dans des déserts médicaux. Au grand dam du syndicat des ophtalmologistes (Syndicat national des ophtalmologistes de France) qui dénonce une « marchandisation » de la santé visuelle. D’autres enseignes devraient emboîter le pas à l’enseigne Alain Afflelou. Pourtant, ce type de téléconsultation ne saurait, pour le moment, constituer un remède aux déserts médicaux. Sachant que les départements où la téléconsultation (toutes spécialités confondues) est la moins pratiquée sont justement les départements en sous-démographie médicale et où la population est parmi les plus âgées de France.

* Toutes les données que nous utilisons pour nos cartes sont issues du répertoire ADELI- Drees, données au 1er janvier 2022. Le champ statistique de la Drees recouvre la France métropolitaine et DROM. Certains opticiens et orthoptistes inscrits au répertoire Adeli ne déclarent pas leur cessation d’activité, ce qui peut conduire à surestimer le nombre de professionnels en exercice. Pour éviter ce biais, nous ne considérons que les effectifs de moins de 62 ans. Pour les ophtalmologistes, sont comptabilisés tous les actifs, y compris les médecins en cumul emploi-retraite et les remplaçants (2 catégories qui n’ont cessé d’augmenter ces dernières années).