Les professions paramédicales font partie des métiers qui recruteront le plus d’ici 2030. Doit-on craindre une persistance de la pénurie de main-d’œuvre, dans notre secteur particulièrement ? Le rapport « Les métiers en 2030 », publié par la Dares et France Stratégie* en mars dernier, nous donne un éclairage sur les évolutions à venir du marché de l’emploi dans le paramédical, dont l’optique.
40 000 emplois supplémentaires dans les professions paramédicales
Sans surprise, l’ensemble des professions du soin bénéficieront d’ici 10 ans d’une forte dynamique d’emploi. C’est la conséquence de besoins de santé croissants et du vieillissement de la population. « La prise en charge de cette population est aussi paramédicale : de fait, les professions paramédicales, dont font partie les opticiens, les psychologues, les techniciens de laboratoires d’analyse médicale ou les kinésithérapeutes, créeraient 40 000 emplois supplémentaires d’ici 2030 », peut-on lire dans le rapport « Les métiers en 2030 ».
Les métiers en plus forte expansion entre 2019 et 2030
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Pourquoi les difficultés de recrutement ne devraient pas s’aggraver
Or, on le sait, l’ensemble de ces professions, et particulièrement les opticiens, connaissent actuellement de fortes tensions sur le marché de l’emploi. Ce qui pourrait faire craindre un déséquilibre accru entre offres et demandes d’emploi. Toutefois, selon le rapport Dares-France Stratégie, les difficultés de recrutement ne devraient pas s’aggraver.
Les métiers selon leur niveau de tensions en 2019 et leur déséquilibre potentiel en 2030
Les métiers selon leur niveau de tensions en 2019 et leur déséquilibre potentiel en 2030
En effet, les tensions actuelles, que vous connaissez bien, ont des origines multifactorielles : déséquilibre entre offre et demande, déficit d’attractivité, inadéquation entre les compétences recherchées par les recruteurs et celles détenues par les postulants, etc. Mais plusieurs facteurs favorables indiquent que ces déséquilibres pourraient ne pas perdurer d’ici 2030 : des départs de seniors moins élevés que la moyenne, des jeunes débutants nombreux, des mobilités entrantes…
Top 15 des métiers ayant le plus faible taux de départs en fin de carrière d’ici à 2030
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En optique, le taux de départs à la retraite est même inférieur à celui de l’ensemble des professions paramédicales : 5 287 opticien(ne)s ont plus de 55 ans, soit 12,5% du total des effectifs de la profession. Reste la baisse d’attractivité que traverse la profession qui se traduit par une diminution continue depuis 2015 du nombre de candidats au BTS-OL et du nombre de diplômés, en dépit des années 2020 et 2021 « exceptionnelles » quant aux taux de réussite.
Quels nouveaux entrants ?
Le rapport Dares-France Stratégie insiste également sur les effets potentiels de la mobilité et sur les nouveaux entrants dont pourraient bénéficier des professions paramédicales qui redeviennent attractives.

Pour notre secteur, que pourrait être ce vivier de nouveaux entrants qui ne sont pas des opticiens diplômés ? Les salariés issus des métiers de la vente qui devraient être attirés par un métier de santé attractif en vue d’une reconversion ? Métiers de première expérience avec un fort pourcentage de jeunes non diplômés du supérieur, ils constituent, selon le rapport, une réserve potentielle… C’est un fait, pour pallier les difficultés actuelles de recrutement, enseignes et centrales mettent en place des dispositifs de formation « express » à l’optique à destination de diplômés (ou non) d’autres secteurs, principalement le commerce. Avec, comme corollaire, le risque de « tirer la profession vers le bas », diront certains. En tout cas, de rompre l’équilibre santé/commerce. Ce peut être aussi le pari d’une forme de mixité, à la fois générationnelle et en termes de formation, en magasin.

Autre voie évoquée par le rapport Dares-France Stratégie : les nouveaux entrants issus de la mobilité entre les professions paramédicales. Une mobilité qui pourrait exister entre des métiers dits de techniciens paramédicaux : préparateurs en pharmacie, techniciens de laboratoires d’analyses
médicales, manipulateurs radiologistes, prothésistes, opticiens.

Reste à savoir si le métier d’opticien attire ces diplômés en provenance d’autres secteurs du paramédical. Pour le moment, à notre connaissance, rien de tel… ce qu’on constate plutôt, c’est le « départ » d’opticiens bien formés (licence pro ou master) vers d’autres activités de la filière visuelle, industrie et, plus récemment de manière non négligeable, exercice dans les cabinets d’ophtalmologie. D’où l’urgence de redonner de l’attractivité au métier d’opticien, ce qui permettrait aussi de disposer d’un apport de nouveaux collaborateurs formés à la santé.

* « Les métiers en 2030. Rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications », Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques).