Selon notre enquête exclusive Bien Vu*, près d’un quart des jeunes diplômés, qui poursuivent majoritairement leurs études post-BTS, aspire à exercer chez un ophtalmologiste. Un chiffre qui correspond à une réalité : entre 2019 et 2021, le nombre de cabinets aidés qui ont recours à des opticiens salariés a fortement augmenté.

Un souhait croissant chez les diplômés, une réalité en hausse chez les ophtalmologistes

Approfondir la dimension « médicale » du métier, pratiquer l’optométrie, mais aussi bénéficier d’horaires de travail plus « classiques » et souples qu’en magasin… Les raisons de l’appétence croissante, ces 3 dernières années, des diplômés en optique pour l’exercice chez un ophtalmologiste apparaissent multifactorielles. Mais, quelles qu’elles soient, ils sont plus de 2 sur 10 à souhaiter intégrer à court ou moyen terme (d’ici 5 ans) un cabinet ou un centre d’ophtalmologie. Un débouché qui attire autant de jeunes que la création de magasin.

Le travail aidé chez un ophtalmologiste, une aspiration en hausse

Question : Quelles sont vos aspirations de carrière dans les 5 ans ?

Le travail aidé chez un ophtalmologiste, une aspiration en hausse

Côté ophtalmologistes, on observe effectivement une forte hausse du nombre de professionnels qui ont recours à de jeunes opticiens. Thierry Bour, président du Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France), n’évalue pourtant qu’à 267 le nombre d’opticiens exerçant en cabinet. Mais, en moyenne nationale, 14,5% des ophtalmologistes salarie un opticien dans le cadre du travail aidé. Quand ils n’étaient que 3% en 2018 ! Ce recours varie considérablement selon les régions : de 1% des cabinets en Bretagne jusqu’à 31% en Bourgogne-Franche-Comté

Avec quelle fonction ?

« Un opticien assume en cabinet les actes pour lesquels il a été formé », selon Véronique Krafft, ophtalmologiste à Nancy et vice-présidente du Snof. « Il intervient dans le cadre de la préconsultation où il effectue de la réfraction, quelques manipulations de lentilles. Mais pour une intervention plus large, effectuer des examens plus nombreux et conduire des interrogatoires médicaux, il faut qu’il acquière le statut d’AMO (Assistant médical en ophtalmologie), via un CQP. » Au-delà des 267 opticiens en cabinet, décomptés par le Snof, certains diplômés en optique ont ainsi suivi un cursus d’assistants médicaux en ophtalmologie. En 2021, 18% des ophtalmologistes travaillent avec un ou plusieurs AMO.

Les opticiens sont donc de plus en plus souvent intégrés dans les cabinets. Et l’aspiration des jeunes diplômés pour ce type d’exercice professionnel est là. Elle ne peut être ignorée par l’ensemble de la filière visuelle. Parce qu’elle rend encore plus urgente la refonte de la formation qui peine à se concrétiser. Parce qu’elle impose une réflexion sur la baisse d’attractivité du travail en magasin. Sans compter le décalage souvent existant entre le souhait des jeunes opticiens et la réalité du travail en cabinet, parfois déceptif compte tenu de leurs compétences acquises.

*Adressée par Internet 6 mois après l’obtention du BTS-OL, l’enquête Bien Vu sur le parcours des diplômés 2020 et 2021 comporte une trentaine de questions et dresse un panorama des attentes et devenir des titulaires du diplôme. Plus de 120 étudiants ont répondu à cette enquête.

Qu’est-ce qu’un AMO ?

Prévue par le Plan Santé 2018 et instaurée fin 2019 par l’Assurance maladie, la profession d’assistants médicaux se décline en filière visuelle à la demande du Snof. Les ophtalmologistes qui recrutent un AMO bénéficient d’une aide à l’embauche, sous réserve que la formation du collaborateur soit initiée au plus tard 2 ans après le début de collaboration. Ce soutien financier (pouvant aller jusqu’à 36 000 € la première année en zone sous-dense) est accordé pendant une période de 5 ans renouvelable sur toute la durée du contrat de travail. En contrepartie, le praticien s’engage à augmenter sa file active, c’est-à-dire le nombre total de patients pris en charge au cours de l’année.