En 2020-2021, vos magasins ont prouvé la solidité de leur modèle économique. Il n’en reste pas moins que les possibilités d’investissement sont souvent affaiblies, en particulier pour les magasins situés en centre commercial, entre baisse de la fréquentation et loyers conséquents.

Analyse

Tous les points de vente, succursalistes, franchisés, coopératifs comme indépendants, ont accusé une baisse de CA en 2020, du fait de la limitation de l’activité à 10 mois, confinements obligent… Avec, toutefois, des variations notables en fonction de l’emplacement des points de vente.

Evolution 2019-2020 de la répartition des charges selon l'implantation

Si les magasins en centres commerciaux affichent un CA moyen plus élevé, ils souffrent, à l’inverse, d’une baisse plus importante de leur activité. « Les confinements, le développement du télétravail et le pass sanitaire ont favorisé les commerces de proximité et participé à vider les grands centres-villes et les centres commerciaux », confirme Patrick Colomer, expert immobilier, associé fondateur de Colomer Expertises, qui y voit un « accélérateur d’une tendance déjà constatée ces dernières années ».

Des possibilités d’investissement en baisse

Logiquement, malgré une gestion fine des charges (personnel, stocks, etc.), le taux de résultat a chuté, tous profils confondus (4,9%) en 2020 – contre 6,93% en 2019 (source Moyennes professionnelles KPMG 2021) -, limitant d’autant plus les possibilités d’investissement des points de vente… Particulièrement pour ceux concernés par les charges locatives les plus élevées.

Or, les loyers pratiqués dans les galeries commerciales restent conséquents : cela accentue les charges externes des points de vente qui y sont implantés, avec 24,55% du CA HT, contre « seulement » 20,67% en zone rurale et 20,72% en centre-ville…

Si vous êtes installés en centres commerciaux, comment vous adapter face à cette nouvelle configuration ? Et, à l’inverse, quelle stratégie adopter pour réussir votre installation dans ces galeries, où la reprise a été moins importante qu’au cœur des centres-villes ?

Retrouver un modèle durable et rentable

« Depuis fin août, les hypercentres ont bénéficié d’une meilleure reprise que celle des importants centres commerciaux. Or, le modèle historique du commerce repose sur la capacité de croître le CA par m² de vente de manière à supporter des coûts d’exploitation croissants (loyers, charges salariales…) », analyse Procos, la fédération de promotion du commerce spécialisé, dans sa newsletter de novembre.

Qui poursuit son argumentaire : « Inventer de nouveaux équilibres et mettre en place de nouvelles relations avec les propriétaires de locaux commerciaux seront les éléments essentiels de la conception d’un futur modèle durable et rentable. Aujourd’hui, la baisse de la fréquentation est contrée partiellement par de meilleurs taux de transformation. Ce n’est déjà plus vrai pour de nombreux commerces et cela intervient souvent au prix d’un effort croissant sur les marges. Une situation qui ne pourra se pérenniser. »

Limiter la surface du point de vente ?

La renégociation des loyers peut constituer un premier levier. Mais, la logique même d’installation et d’occupation des espaces commerciaux sera peut-être amenée à évoluer. « Avec le développement du e-commerce, les enseignes, tous secteurs compris, passent progressivement sur des surfaces plus petites », ajoute Patrick Colomer. Tout en prévenant que le prix du m2 y est « sensiblement plus important en raison d’une forte demande, là où les grandes surfaces sont moins ciblées par les commerces ».

Cette tendance des enseignes aux formats plus petits pour une meilleure gestion des coûts est mondiale. Elle a été initiée en optique par les nouveaux acteurs (Jimmy Fairly, Warby Parker, etc.) qui ont privilégié des emplacements à très forte affluence au détriment de la surface. « Certains magasins sont trop grands. […] J’estime qu’ils peuvent être redimensionnés… », a récemment déclaré Stefano Grassi, directeur financier du groupe EssilorLuxottica. Raison de plus pour accélérer votre réflexion sur le sujet.