Site web, réseaux sociaux, plaquettes de communication… Les clients attendent que vous dévoiliez vos points de vente, vos spécialités, vos métiers, vos tempéraments. En un mot, faites du « storytelling » de votre magasin, de votre savoir-faire et de vos clients.

Bien Vu a interviewé Christian Rivière, photographe spécialiste des portraits et des reportages au sein des entreprises et des institutions.

Dans le cas d’un magasin d’opticien, qu’auriez-vous tendance à shooter ?

Je commence par rencontrer les équipes, en amont du reportage. Mon objectif, alors, c’est de comprendre le métier, de connaître les tâches du quotidien, de faire le point sur les prestations et sur la typologie de la clientèle… Au passage, je détermine ce que je vais photographier, afin de me concentrer sur ce qui est représentatif du métier ou du magasin, par exemple après une rénovation. Cette anticipation permet, même à un amateur, de conserver une certaine fluidité lors du shooting. Concernant la question du droit à l’image des clients, mieux vaut s’appuyer sur une partie de la clientèle fidèle que l’on connaît depuis longtemps.

Un opticien, c’est de la vente, de l’échange, du conseil, mais aussi de l’examen de vue, du travail en atelier, de la technique… Comment photographier ces mouvements, ces gestes, tout en conservant un certain naturel ?

Je commence par déterminer les scènes qui incarnent l’expertise du professionnel. Ensuite, je le fais jouer « à blanc » pour comprendre le mouvement, avant de lui demander d’agir comme si je n’étais pas là. Concentré sur sa mission, il oublie ma présence et c’est là que je photographie comme lors d’un reportage. Si les clichés ne sont pas satisfaisants, je demande à mon client de refaire son mouvement un peu plus lentement, mais avec naturel. Car même sans aucune compétence en photographie, on comprend rapidement si des clichés ont été pris sincèrement ou de manière artificielle.

A l’heure des smartphones, de plus en plus d’opticiens prennent leurs photos eux-mêmes… Qu’en pensez-vous ?

Depuis une dizaine d’années, certains smartphones permettent de prendre des photographies de belle qualité, notamment dans des conditions de bonne luminosité. Bien souvent, cela suffit pour de la publication web, par exemple sur Instagram. En revanche, la qualité de zoom reste faible sur ces équipements, ce qui limite la capacité à prendre de belles photos de près, par exemple pour immortaliser des détails.

Au-delà, le plus difficile c’est de proposer un univers cohérent. Pour ce faire, je recommande aux opticiens de faire appel à un professionnel. S’ils décident d’internaliser cette prestation, mieux vaut confier cette mission à une seule personne… Car chaque photographe, même amateur, amène son regard extérieur, sa sensibilité, son interprétation du réel. Et si 2 ou 3 personnes sont derrière l’appareil, le manque d’homogénéité se verra immédiatement et ne fera pas « sérieux ».