Alors que la baisse du CA marché est évaluée, selon les différentes sources, entre -7% et -13% pour 2020, vos magasins ont été diversement impactés, en fonction de leur type d’implantation, par la crise sanitaire qui perdure en 2021. Dans ce contexte, quels sont les leviers dont vous disposez pour préserver au mieux votre trésorerie ? Focus sur 3 dispositifs plus au moins connus auxquels vous pouvez avoir recours.

Des dispositifs spécifiques « Covid » pour préserver votre trésorerie

« La loi de finances 2021 a pour principal objectif de soutenir les trésoreries des entreprises mises à mal par la crise sanitaire », explique Véronique Budin, référente optique chez KPMG qui a présenté début février une synthèse des actions possibles en vue de protéger la santé des TPE optiques dans le contexte actuel. Parmi elles, outre les PGE (Prêt garanti par l’Etat), le report des dettes fiscales, des cotisations sociales ou des loyers, et le crédit impôt bailleur, plusieurs sont moins connues et concernent particulièrement les entreprises qui enregistreront un bilan en déficit.

  • Cession de bail: si votre immeuble est inscrit à l’actif de votre bilan, vous avez la possibilité de céder votre bien à une société de crédit bail immobilier, tout en étalant sur 15 ans maximum la fiscalité sur la plus-value. Objectif : dégager de la trésorerie dans l’intervalle avec option d’achat du bien à l’issue de cette période. Cessions réalisées à compter du 1er janvier 2021 jusqu’au 30 juin 2023 et précédées d’un accord de financement accepté entre le 28 septembre 2020 et le 31 décembre 2022.
  • Carry back: c’est une mesure spécifique « Covid ». Elle peut être utilisée par les entreprises qui affichent un déficit en 2020 et un bilan positif en 2019. Cela consiste à « reporter » sur le bénéfice 2019 la perte de 2020, créant ainsi une créance impôts dans les comptes. Habituellement, cette dernière est remboursable par l’administration fiscale dans les 5 ans. La loi de finances 2021 prévoit un remboursement anticipé, pour les pertes constatées en 2020, dès le lendemain de la clôture de l’exercice, sans attendre la liquidation de l’impôt, avec une demande possible jusqu’à la date limite de dépôt de la déclaration de résultats de l’exercice clos au 31 décembre 2020, soit le 19 mai 2021. Cible : les entreprises ayant fait l’objet d’une procédure collective et celles en procédure de conciliation. L’article 5 de la troisième loi de finance rectificative pour 2020 permet, à titre exceptionnel, à toutes les entreprises de le demander.
  • Réévaluation libre des actifs immobilisés, corporels ou financiers: il s’agit de réévaluer à la valeur marché des actifs (hors fonds de commerce) immobilisés tout en ayant un différé d’imposition sur la plus-value (15 ans pour les constructions, 5 ans pour les autres actifs). Cible : les entreprises dont la perte en 2020 conduit à des capitaux propres dégradés, ce qui entraîne une dégradation de la solvabilité de la société et une « frilosité » des partenaires bancaires. Objectif : amélioration de la capacité de financement et renforcement des capitaux propres de votre entreprise. « Pour les opticiens qui ont de l’immobilier, cette neutralisation fiscale de la plus-value est un levier à ne pas négliger. Il est recommandé d’avoir recours à des experts – comptables expérimentés – en évaluation », conseille Véronique Budin.

Des dispositifs de soutien de vos trésoreries à ne pas négliger, donc. D’autant plus que la crise sanitaire perdure et que de nouvelles mesures de restriction (couvre-feu national à 18h et fermeture des magasins d’optique de centres commerciaux de plus de 20 000 m2) ont pris effet depuis le début de l’année.

« Pour le moment, aucune précision n’est donnée par les pouvoirs publics, ni sur la durée des mesures de couvre-feu et de fermetures en centres commerciaux, ni sur les aides pour les opticiens concernés »

Sans que l’on ait la moindre indication sur leur durée. Ni que soit levé jusqu’à maintenant le flou sur la réalité des aides dont devraient bénéficier les points de vente en fermeture administrative : « En dépit de nos demandes d’éclaircissement auprès des pouvoirs publics, nous n’avons pour le moment aucune précision concernant le détail des aides pour les opticiens fermés. Rien non plus sur les spécifications de perte de CA ni sur la prise en compte par société ou par magasin », explique Thibaut Pichereau, délégué général du Rof (Rassemblement des opticiens de France). Avec le risque que le chômage partiel soit le seul dispositif auquel pourraient avoir recours les opticiens de centres commerciaux. De son côté, le Conseil du commerce de France, qui regroupe une trentaine de fédérations professionnelles, a instamment demandé la semaine dernière aux pouvoirs publics un calendrier de réouverture de tous les commerces de centres commerciaux et la mise en place d’une indemnisation « simple, rapide et totale » pour tous les points de vente impactés par la décision de fermeture.