Prêt garanti par l’Etat, prêt rebond, avances remboursables : les vannes de crédits s’ouvrent grand pour soutenir les entreprises fragilisées par la crise sanitaire. Comment gérer ses plans de financement pour piloter au mieux ses emprunts ?

Règle 1 : Identifier les aides

Du Prêt garanti par l’Etat (PGE) aux prêts rebonds proposés par les régions (de 10 000 à 300 000 € bonifiés sur une durée de 7 ans), les emprunts accessibles aux entreprises en mal de trésorerie sont nombreux et pas toujours bien connus. Renseignez-vous, d’autant qu’il n’y a aucune contrainte au cumul d’aides mises en place par les pouvoirs publics.

Règle 2 : Evaluer le stock de dettes

Si le taux d’intérêt des PGE est attractif, ces emprunts vont venir se cumuler avec les échéances des dettes existantes. Or, selon l’OFCE (L’Observatoire français des conjonctures économiques), les entreprises françaises ont abordé cette crise sanitaire avec plus de liquidités qu’avant la crise de 2008, mais aussi avec davantage de dettes à court terme que leurs voisins européens ! D’où un risque d’accumulation des traites mal anticipée qui mettrait en péril dès le printemps prochain la solvabilité des entreprises concernées. Autre danger : la mauvaise appréciation du stock de dettes cumulées qui pourrait dès la rentrée limiter la capacité d’autofinancement (et donc d’emprunt) à un moment crucial de la reprise où les besoins en fonds de roulement se feront sentir.

Règle 3 : Anticiper le plan de financement

Il est essentiel, car pour un prêt correspondant au montant maximal de 25% du CA, le dégagement d’un cash-flow équivalent à 5% du CA est nécessaire sur 5 ans pour assurer le remboursement. Un effort de trésorerie non négligeable dans la période de tensions économiques qui s’annonce. L’anticipation du plan de financement doit permettre d’étaler au mieux la consommation de l’emprunt (des remboursements partiels anticipés étant possibles) et le règlement des traites. Certains experts s’inquiètent des risques d’insolvabilité entraînés par un tel « mur de dettes » prévisible. De fait, ils plaident pour un allongement à 10 ans du temps de remboursement dans les conditions actuelles du PGE, ce qui diviserait par 2 la pression des remboursements.

Règle 4 : Bénéficier des financements de recours

Fin avril, l’ordre des experts comptables estimait que 5 à 10% des entreprises candidates se voyaient refuser le PGE, alors même que leurs dossiers remplissaient les conditions d’obtention. Depuis les critères d’éligibilité ont été étendus (seules les entreprises en procédures collectives au 31 décembre 2019 en sont désormais exclues). Surtout, un levier alternatif a été créé pour ceux que le PGE ne concerne pas. Publiés au Journal officiel du 13 juin (Décret n° 2020-712 du 12 juin 2020 relatif à la création d’un dispositif d’aides ad hoc au soutien de la trésorerie des entreprises fragilisées par la crise de covid-19), les nouveaux prêts bonifiés sont destinés aux petites et moyennes entreprises « n’ayant pas trouvé de solutions de financement auprès de leurs partenaires bancaires ou financeurs privés ». Disponibles jusqu’à la fin 2020 et remboursables sur 6 à 10 ans, cette aide couvre besoins en investissements et fonds de roulement. Le montant ne peut représenter plus de 25% du CA HT 2019. N’hésitez pas à vous renseigner auprès des CODEFI (Comités départementaux d’examens des difficultés des entreprises).