Un mois après le début du confinement, qu’en est-il de la reprise dans vos magasins ? Pour mesurer son intensité, votre CA de mai est évidemment un indicateur fiable. Mais plusieurs autres éléments, dont le maintien du recours à une activité partielle dans vos équipes, donnent des indications sur le rythme de la relance. Et, pour vous, la prudence reste de mise : selon les informations que nous avons recueillies, vous êtes encore 1 magasin sur 2 à utiliser le dispositif d’activité partielle.

Le chiffre

50% des points de vente optiques (tous magasins confondus) ont toujours recours début juin au dispositif d’activité partielle. Pour rappel, le nombre d’opticiens en 2019 s’élève à 38 506, dont 9 885 propriétaires et 28 606 salariés.

L’analyse

Selon la Dares* (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), au titre de mars, ce sont environ 1 million de demandes d’indemnisation qui ont été déposées pour 6 millions de salariés. Pour avril, ils seraient 8,6 millions effectivement placés en activité partielle. 31% d’entre eux appartiennent à des entreprises de moins de 20 salariés. En termes de secteurs d’activité, le commerce arrive en deuxième position (16% des effectifs demandés). L’Ile-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes cumulent à elles seules plus d’un tiers des demandes, ce qui correspond à leur part dans l’emploi salarié (37%).

16% des demandes d’activité partielle concernent le commerce (hors hébergement et restauration)


Source : ASP-DGEFP-Dares – Crédit : Bien Vu

En dépit d’un redémarrage plutôt rapide (selon un sondage réalisé par nos confrères d’acuite.fr, 28% des opticiens interrogés déclarent un CA stable ou en croissance au mois de mai), la plupart des magasins d’optique restent prudents au niveau des salariés. Rien d’étonnant à cela : outre la diminution des flux de clients avec les contraintes sanitaires d’accueil en magasin et la prise de rendez-vous, une interrogation demeure : quel sera le nombre d’ordonnances dans les semaines à venir ? Autant d’entraves probables à un retour rapide à la normale, ce qui fait craindre un ralentissement de l’ « embellie » durant l’été. Dans ce contexte, propriétaires et directeurs de points de vente sont placés devant un dilemme : remobiliser tous les collaborateurs de l’équipe, gage de motivation, au risque de recourir par la suite à des licenciements au cas où le CA ne « rentrerait » pas dans les prochaines semaines. Ou différer le retour de tous les salariés en attendant de retrouver le niveau antérieur de CA. Un choix rendu possible par les dernières annonces de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, sur la prolongation du dispositif d’activité partielle, mais qui n’est pas sans conséquences sur la cohésion des équipes et leur motivation.

Dans les 2 cas de figure, la situation de l’emploi en optique, caractérisée par de fortes tensions à l’embauche depuis 2 ans, risque de s’inverser dans les 2 prochaines années. D’autant plus que, selon une étude du cabinet Astarès-Rinzen**, les effets déflationnistes du 100% Santé font déjà planer une menace sur plus de 1 500 magasins à terme.

* Situation sur le marché du travail durant la crise sanitaire, Tableau de bord hebdomadaire – 2 juin 2020, Dares – Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle – Pôle Emploi.

** Impact économique de la réforme 100% Santé, étude Astarès-Rinzen pour le compte du Gifo, 2018.

Vers une activité partielle de longue durée ?

  • Depuis le 1er juin, la prise en charge par l’Etat est descendue de 100% à 85% de l’indemnité versée au salarié couvrant 84% de son salaire net. Seule exception encore à l’heure actuelle : tourisme et restauration, étant donné les restrictions encore en vigueur.
  • Lundi 8 juin, alors que des concertations ont démarré avec les partenaires sociaux (syndicats et patronat), Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a annoncé la mise en place d’un nouveau dispositif pendant « 1 à 2 ans » par accord collectif d’entreprise ou de branche. Il devrait donner lieu à une indemnisation en contrepartie du maintien de l’emploi et, en cas de baisse de salaire pendant les difficultés, d’un accroissement de l’intéressement, à l’issue de la crise. « Les salariés qui en bénéficieraient ne travailleraient pas à plein temps et cette réduction d’activité serait compensée en partie par l’Etat », selon la ministre. Objectif déclaré : « le salarié garde son emploi, l’entreprise conserve ses compétences ». Reste à connaître à quel pourcentage du salaire correspondra la partie prise en charge par l’Etat.