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Rencontre avec Romain Vidal, 26 ans, un magasin Acuitis à Rambouillet (78)

Vous avez tenté l’aventure de la création d’un magasin en décembre dernier. Dans quel état d’esprit êtes-vous après ce premier trimestremarqué par la mise en place chaotique du 100 % Santé et la crise inédite due à l’épidémie de Covid-19 ?

Depuis l’ouverture du magasin en toute fin d’année dernière, entre le 100 % Santé et la fermeture du magasin depuis la mi-mars, tout est très compliqué, c’est vrai. Nous avons dû reporter beaucoup de ventes en janvier et février en raison du blocage des plateformes Oxantis et Viamedis. De ce point de vue, l’arrêt de l’activité des magasins d’optique à partir de la mi-mars est paradoxalement un mal pour un bien : j’ai pu régler tous mes dossiers en attente, les plateformes étant joignables en 10 mn, ce qui était loin d’être le cas en début d’année ! Je reste serein néanmoins. En effet, le démarrage du magasin s’est très bien passé, si l’on met de côté ces bugs du 100 % Santé. J’ai une trésorerie suffisante pour tenir encore un certain temps. Pendant 2 ans, je bénéficie de l’ACRE (Aide à la création ou à la reprise d’entreprise), ce qui me garantit une certaine sécurité. Et je suis convaincu que l’activité va repartir tôt ou tard. Dans l’attente, il faut que nous soyions tous solidaires devant les difficultés. En particulier, il faut que nous parlions d’une seule et même voix face aux bailleurs.

Justement quelle est votre situation en ce qui concerne le loyer ?

C’est mon inquiétude majeure à l’heure actuelle. Dans l’immédiat, je rencontre de vraies difficultés avec mon bailleur : il exige le paiement de la totalité des loyers avec des reports d’échéance. Heureusement, je peux m’appuyer sur l’assistance juridique de mon enseigne et un bon soutien de ma banque. Mais quoi qu’il en soit, il me semble aberrant, compte tenu de l’impossibilité d’ouvrir le magasin faute de protection, de ne pas annuler, pour cas de force majeure, les loyers de mars et d’avril. Et de ne pas réévaluer ceux-ci à partir du 11 mai. Le magasin est situé en centre commercial et j’ai donc un loyer conséquent. Je dois impérativement bénéficier d’un flux de clients important. Or les consommateurs ne vont pas revenir en masse tout de suite dans les centres commerciaux.

Comment préparez-vous la reprise ?

Je ne vais pas changer les process de vente, ils sont depuis la création du magasin centrés sur un accueil soigné et personnalisé des clients. En revanche, je mets en place une nouvelle organisation, avec l’appui de mon enseigne qui me fournit des kits de protection, pour sécuriser au maximum les clients et limiter l’accès au magasin. 53 % de mes clients ont plus de 45 ans, donc pour rétablir leur confiance, c’est essentiel. Je reprends contact systématiquement avec eux ces derniers jours pour avoir de leurs nouvelles.

 

Romain Vidal