La filière optique à l’épreuve du Covid-19

A l’heure où nous mettons sous presse, la France tout entière est soumise à des règles de confinement drastiques qui doivent encore se prolonger de quelques semaines. “La France est en guerre”, a martelé le président Emmanuel Macron. Dans ce contexte à la fois inquiétant (par le nombre de victimes), anxiogène et inédit, l’activité économique dans son ensemble souffre de plein fouet de cette crise sanitaire à dimension mondiale. Bien qu’autorisés à ouvrir leurs magasins via un système de garde, les opticiens dans leur immense majorité ont baissé leur rideau. Par solidarité et surtout par crainte de propager le virus. Dans ce dossier spécial consacré au Covid-19, Bien Vu a interrogé plusieurs experts qui livrent leur analyse et vous aident à préparer l’après-crise.

Paroles d’opticiens

Pour ou contre l’ouverture des magasins durant la période de confinement  ?

Louis Neri,
Neri Optique à Ajaccio (20)

POUR

“On fait du dépannage, pas du commerce”

“Depuis le début du confinement, j’ai ouvert mon magasin durant une demi-journée. Notre syndicat régional So Corse a organisé un service de garde sur le modèle de ce qui a été proposé par les 3 syndicats (Fnof, Rof et Synom). Nous sommes une quinzaine d’opticiens sur Ajaccio. L’idée est de gérer uniquement les urgences. Pas plus d’un client n’est autorisé à entrer dans le magasin. Les autres attendent à l’extérieur. On fait en sorte de bien respecter les gestes barrières. Une dizaine de personnes est venue pour des motifs divers : changement de branches, renouvellement de lentilles… Parmi ces personnes, un médecin et une infirmière qui s’est déplacée pour faire resserrer ses lunettes. On fait du dépannage. Hors de question de vendre des solaires. Tout le corps médical travaille actuellement. Pourquoi pas nous ? L’opticien est un professionnel de santé. Il faut assumer nos responsabilités en assurant un service minimum.”

Louis Boris Picard,
Optique LB Picart à Corbas (69)

CONTRE

“Éviter que le virus se propage”

“J’ai beaucoup de commandes en cours et je ne sais pas comment vont réagir mes clients. Je suis fermé car il s’agit d’une décision prise par mon enseigne Optic 2000. Mais si la décision m’appartenait, je n’aurais pas ouvert. Par signe de solidarité. On doit avoir un respect les uns envers les autres. La priorité est d’éviter que le virus se propage. J’ai transféré la ligne téléphonique du magasin à mon domicile. Beaucoup de clients m’appellent. Ils ont besoin d’être rassurés. Garder ce lien est important. Toutes les livraisons déjà prêtes se feront dès l’autorisation de réouverture. Cette crise est dure pour tout le monde. J’ai hâte de reprendre mon activité car le temps passe lentement à la maison. Économiquement parlant, ce n’est pas évident. Les factures s’accumulent. Mais il est prévu que notre centrale d’achat nous permette de disposer de certains aménagements en termes de paiement.”.