L’expérimentation permettant aux opticiens de réaliser des bilans visuels en Ehpad, conduite depuis 2022 dans les régions Centre-Val de Loire et Normandie, a été au cœur d’une table ronde organisée au Silmo 2025.
Autour de Pierre Tourtois-Laurent (Bien Vu), les échanges ont réuni Sandrine Ladoux, directrice communication santé et RSE d’Optic 2000, et Virginie Chauvel, opticienne du réseau Les Opticiens Mobiles. Clara de Bort, directrice générale de l’ARS Centre-Val de Loire, a apporté son analyse par message vidéo.
Les intervenantes ont souligné plusieurs freins.
Le premier est administratif : pour intégrer le dispositif, les opticiens doivent contractualiser avec les Ehpad et obtenir validation auprès des agences régionales de santé, une procédure jugée complexe par Sandrine Ladoux. Plusieurs opticiens, intéressés par le dispositif et volontaires, ont d’ailleurs confirmé à Bien Vu que ces questions administratives ont pu freiner, voire empêcher leur intervention en Ehpad.
Le second tient à l’absence fréquente d’ordonnances valides, qui limite les possibilités de délivrance d’équipements. D’après toujours Sandrine Ladoux, près de 60 % des opticiens engagés n’ont pas pu intervenir pour cette raison.

Sandrine Ladoux,
directrice communication santé
et RSE d’Optic 2000
L’expérimentation repose sur un fort engagement collectif au sein des établissements. Les médecins coordonnateurs, infirmiers et aides-soignants participent régulièrement aux bilans visuels, souvent en présence des familles.
Pour Virginie Chauvel, cette collaboration est essentielle à la qualité des interventions :
« Nos bilans ne sont pas des consultations médicales ; nous travaillons aux côtés des professionnels présents pour adapter l’équipement et rendre compte des résultats. »
Elle souligne toutefois les limites du dispositif :
« Au-delà d’un bilan visuel, les résidents ont aussi besoin d’un examen médical. Ce serait bien qu’ils puissent avoir accès à un fond d’œil, une prise de tension oculaire ou une observation du segment antérieur de l’œil. »
L’opticienne évoque également la dimension humaine et émotionnelle de l’exercice, rappelant la nécessité d’implication et de prudence face à la fragilité des résidents.

Virginie Chauvel,
opticienne du réseau
Les Opticiens Mobiles
Dans son message vidéo, Clara de Bort, directrice générale de l’ARS Centre-Val de Loire, a rappelé que cette expérimentation traduit une politique d’“aller-vers” répondant aux besoins des publics isolés. Elle s’est dite favorable à son extension sur l’ensemble du territoire, prévue dans le Pacte de lutte contre les déserts médicaux, présenté par François Bayrou, alors 1er ministre, en avril 2025.
La directrice de l’ARS a également évoqué la piste de la télé-expertise pour pallier les difficultés liées au manque d’ophtalmologistes et à la rareté des ordonnances valides en Ehpad, estimant que cette solution pourrait renforcer la coopération entre professionnels de santé visuelle. Une piste qui semble, à ce jour, “dans les tuyaux”.

Clara de Bort,
directrice générale de
l’ARS Centre-Val de Loire
