La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a dévoilé les résultats de son enquête menée auprès des organismes complémentaires santé (mutuelles, institutions de prévoyance, assureurs), couvrant plus de 90 % du marché. Objectif : mesurer l’évolution des primes et garanties depuis la réforme du 100 % Santé, déployée entre 2019 et 2021.
Remboursements des équipements optiques : vers un contrat individuel “moins injuste” ?
Des primes en hausse, mais pas pour tout le monde
Dans un contexte d’inflation, les cotisations des complémentaires santé ont nettement progressé ces dernières années. Et les données de la Drees confirment sans surprise cette tendance. Contrats individuels : la hausse des primes (+6 % à +9 % entre 2021 et 2023) touche surtout les moins de 60 ans, alors que les seniors voient leurs primes stagner ou baisser. Contrats collectifs : l’augmentation est plus homogène (+8 %), impactant toutes les catégories d’âge. On perçoit chez les Ocam une volonté de réduire l’écart entre contrats individuels et collectifs, souvent pointé du doigt par les pouvoirs publics. Mais la différence de fond persiste : en individuel, les cotisations restent fortement liées à l’âge (36 € par mois à 20 ans contre 142 € à 85 ans), tandis qu’en collectif, elles dépendent de l’entreprise mais pas de l’âge, pour une moyenne de 74 € mensuels.
Optique simple : le collectif s’effrite, l’individuel se renforce

Pour les équipements hors panier 100% Santé, les évolutions sont contrastées.

Contrats collectifs : baisse de la prise en charge « optique » (306 € en moyenne en 2019 contre 295 € en 2023), particulièrement marquée pour les contrats historiquement généreux (jusqu’à -50 € au 9ᵉ décile).

Contrats individuels : une légère hausse du niveau de remboursement « optique », de 196 € à 203 € en moyenne. Avec des écarts “internes” qui s’accentuent : le bas de gamme progresse de manière notable (1er décile : +33 € en 4 ans), tout comme le haut de gamme (+62 € au 9ᵉ décile).

Cette redistribution réduit l’écart entre collectif et individuel (92 € en 2023 contre 110 € en 2019). Pour un assuré qui choisit des verres simples hors 100 % Santé, le contrat individuel n’est plus aussi défavorable qu’auparavant face à son équivalent collectif.

Optique complexe : rééquilibrage en faveur de l’individuel
Sur les équipements techniques (verres progressifs, forts indices, etc.), la tendance est encore plus nette. Contrats collectifs : stagnation ou recul des meilleures couvertures. Contrats individuels : forte amélioration sur certains déciles, avec des paliers de remboursement qui progressent sensiblement (+50 € au 8ᵉ décile, +250 € au 9ᵉ entre 2021 et 2023). Autrement dit, un assuré en individuel peut aujourd’hui obtenir un remboursement équivalent, voire supérieur, à ce qu’apportent certains collectifs sur des verres sophistiqués. Notamment s’il souscrit un contrat comprenant les meilleurs remboursements sur l’optique.
Ce que cela change pour les clients et les opticiens
Ces évolutions dessinent un paysage “Ocam” moins tranché qu’avant la réforme. Les contrats collectifs, qui garantissaient autrefois presque toujours de meilleures prestations optiques, ne sont plus systématiquement les plus avantageux. Pour un salarié s’équipant hors panier 100 % Santé, il peut désormais arriver qu’un contrat individuel bien structuré rembourse davantage. Cela reste toutefois l’exception plutôt que la règle. Pour vous, opticiens, cette évolution peut influer sur le parcours de vente : certains porteurs en contrat individuel bénéficient aujourd’hui de garanties plus solides qu’auparavant. Autant de situations qui exigent un parcours client soigné et au cas par cas.