Le marché français de la contactologie évolue peu, avec un taux de porteurs inférieur à la moyenne européenne. Pourtant, les possibilités d’un regain d’intérêt sont là, notamment chez les moins de 45 ans.
Un potentiel de porteurs de lentilles sous-exploité en France
En matière de lentilles de contact, la France reste à la traîne. Contrairement à d’autres pays européens comme le Royaume-Uni, la Scandinavie ou l’Italie, où les lentilles journalières dominent, l’Hexagone affiche un taux d’équipement faible et stable. “Il y a un déficit d'information, souligne Maher Kassab, PDG de Gallileo Business Consulting. Le réflexe lunettes domine encore, et les professionnels de la santé visuelle ne présentent pas toujours l’alternative lentilles.”
Un marché en attente d’un nouvel élan
Selon le dernier Baromètre Gallileo, seuls 8,9 % des amétropes français portent des lentilles. Pourtant, une étude Arcane Research* montre que près d’1 porteur de lunettes sur 4 se dit prêt à les essayer… si on lui en parle. Le manque de pédagogie freine l’adoption : manipulation jugée complexe, idées reçues sur l’inconfort ou le coût, absence de recommandation médicale. “Il faut déconstruire les a priori, insiste Coline Le Bihan, directrice des études chez Arcane. Beaucoup de freins sont plus psychologiques que techniques.”
Un potentiel chez les jeunes adultes… mais pas seulement
En effet, le potentiel est réel, notamment chez les moins de 45 ans. 53 % des 18-24 ans et 49 % des 25-34 ans non équipés se disent intéressés. “Ce sont des profils actifs, sensibles au confort et à l’esthétique, observe Maher Kassab. Encore faut-il leur faciliter l’essai.” Car l’abandon reste élevé : un tiers des nouveaux porteurs arrêtent dans les trois premiers mois, souvent faute d’un accompagnement adapté. “Il faut personnaliser dès le départ. Certains abandonnistes reviennent au port de lentilles si on prend le temps de les écouter et de bien ajuster l’équipement”, note Coline Le Bihan. Les multifocales, encore peu prescrites, illustrent ce besoin d’accompagnement. “Elles répondent pourtant à un vrai besoin chez les presbytes actifs”, ajoute-t-elle.
Des opticiens en première ligne

Les opticiens ont un rôle clé à jouer. Car si les ophtalmologistes restent bien sûr indispensables dans le parcours de soins, les études montrent que les porteurs sont prêts à s’appuyer sur leur opticien pour le suivi et les conseils. “Il faut expliquer, montrer les progrès réalisés et proposer des solutions adaptées à chaque mode de vie, qu’il s’agisse de lentilles journalières, mensuelles ou de port occasionnel, le temps d’une séance de sport, d’une soirée ou d’un week-end”, conclut-elle. Pour Maher Kassab, la contactologie est aussi un levier stratégique : “Elle valorise le savoir-faire de l’opticien et renforce sa légitimité.”

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