François Braun, le ministre de la Santé, l’avait annoncé en janvier. Le dernier comité de suivi du 100 % Santé, qui s’est tenu le 18 avril dernier, en présence de tous les acteurs, syndicats professionnels des secteurs concernés et Ocam, l’a confirmé : les pouvoirs publics souhaitent relancer le 100 % Santé, plus de 3 ans après la mise en place de la réforme. Selon une feuille de route qui reste encore assez opaque et des modalités à définir plus précisément.
Parmi les « chantiers » proposés par le ministère pour inciter au « développement de l’offre 100 % Santé » et augmenter la part d’équipements de panier A ou mixtes dans les ventes optiques, certains sont déjà dans les tuyaux depuis longtemps : questionnaire de satisfaction aux clients, intégration au sein du panier A des verres de fortes corrections, une demande de longue date de la filière visuelle pour « boucher en partie les trous dans la raquette » de la réforme.
On peut s’interroger, en revanche, sur les autres pistes évoquées par le ministère. Intégration des verres de contrôle myopique dans l’offre 100 % Santé ? L’objectif de rendre accessible à tous les enfants myopes « progresseurs » ce dispositif est louable. Surtout quand on sait que le coût de ces verres, quasiment pas pris en charge par l’assurance maladie (0,03 € par verre), peut être un frein au traitement. Mais pourquoi, dès lors, ne pas simplement améliorer cette prise en charge par la création d’un code LPP spécifique ? Favoriser l’économie circulaire avec une offre de montures « seconde main » dans le panier A ? On pourrait se féliciter du souci des pouvoirs publics d’accompagner la transition écologique du secteur… On peut aussi y voir un simple effet d’annonce, destiné à tomber rapidement aux oubliettes, faute d’évaluation précise de la faisabilité de la mesure. Mettre en place un bonus, une prime sur objectif, pour les opticiens « bons élèves » du 100 % Santé ? A partir de quel pourcentage de vente d’offres panier A ou mixte ? Au-delà des 18 % annoncés par la Cnam ? Au-delà des 20 % évoqués lors de la présentation de la réforme, il y a 5 ans ?
Syndicats de la filière comme Ocam l’ont pourtant rappelé à l’occasion de ce comité de suivi : si le 100 % Santé en optique peine à trouver sa place au-delà de ces taux (au contraire de ce qui se passe en audio ou en dentaire), c’est bien parce qu’il ne répond pas à un besoin des porteurs ni à une véritable difficulté d’accès aux équipements optiques. Et non parce que les opticiens ne « vendent » pas assez la réforme en magasin. Avant d’envisager d’étendre l’offre 100 % Santé en optique par ce type de mesures « rustines », les pouvoirs publics devraient plutôt s’attacher à respecter les engagements pris il y a 5 ans : améliorer l’accès à l’ordonnance dans les zones sous-dotées en ophtalmologistes et réformer enfin la formation des opticiens pour une véritable coopération des 3 « O » au sein de la filière visuelle.