Des employeurs prudents et surtout soucieux de l’adaptation de leur modèle de rentabilité aux risques d’érosion des marges… Des salariés en attente de revalorisation des rémunérations et d’une nouvelle organisation du temps de travail. Notre enquête réalisée auprès des propriétaires et des collaborateurs donne à voir ce décalage entre les priorités des uns et des autres qu’il faudra veiller en magasin à ne pas trop creuser.

Employeurs, quelles sont vos préoccupations majeures et les leviers que vous allez actionner pour relever les défis de l’année à venir ? Salariés, quelles sont vos attentes et vos aspirations professionnelles dans les prochains mois ? Fin 2022, nous avons posé ces questions aux opticiens propriétaires et salariés*. Premier constat : sans surprise, les employeurs manifestent plus d’inquiétude que les salariés quant à l’activité en magasin en 2023. Vous êtes, en effet, plus de 7 propriétaires sur 10 à vous déclarer attentistes ou préoccupés (contre 6 salariés sur 10).

Erosion des marges et baisse de CA mobilisent les employeurs

En tête des préoccupations des employeurs : l’érosion des marges, liée aux pressions inflationnistes subies, et la rentabilité du magasin (pour 84% des répondants). Les inquiétudes se concentrent également sur la baisse de CA : vous êtes 8 employeurs sur 10 à craindre une contraction de la consommation optique couplée à un flux de clients en baisse. En 2023, les équipements acquis en 2021, année exceptionnelle, devraient pourtant être renouvelés. Mais, dans le contexte actuel, certains porteurs pourraient reporter leur achat optique. Ou diminuer leur reste à charge, d’autant que la menace pèse d’un nouveau tour de vis réglementaire (pour 65 % d’entre vous) et d’une non-revalorisation des remboursements des Ocam. Ces inquiétudes relèguent au second plan les difficultés de recrutement qui restent, néanmoins, une des problématiques majeures dans les magasins (pour 65% des répondants). Côté salariés, la préoccupation principale demeure la lourdeur des tâches administratives (pour un tiers d’entre vous). Mais vous êtes également un tiers à vous attendre à une pression renforcée de la part de vos employeurs sur les objectifs de vente.

Un décalage entre politique salariale des magasins et attentes des collaborateurs

EMPLOYEURS

Quelle sera votre politique salariale en 2023 ?

Quelle sera votre politique salariale en 2023 ?

SALARIÉS

Que souhaitez-vous en 2023 ?
Que souhaitez-vous en 2023 ?

Pas de coup de pouce en vue pour les salaires en 2023, hormis une participation aux résultats. Une politique salariale « prudente », compte tenu des inquiétudes sur le maintien du CA et sur l’inflation des charges en magasin (prix des produits, de l’énergie, etc.). A cela pourraient s’ajouter les conséquences d’un poids croissant du 100% Santé sur le marché, si les annonces faites fin janvier par le ministre de la Santé, François Braun, sur l’introduction de nouveaux produits dans le panier A sont suivies d’effet.

Il sera néanmoins difficile de ne pas écouter les demandes des collaborateurs, d’autant que les difficultés de recrutement persistent et incitent à les fidéliser, y compris avec des hausses de salaires. Car, pour 35% des collaborateurs répondants, l’augmentation de la rémunération constitue le principal souhait pour l’année à venir. Et vous êtes près de 3 salariés sur 10 à aspirer également à un meilleur équilibre vie pro/vie personnelle. Là encore, des attentes qui ne rencontrent pas forcément l’adhésion des employeurs : leurs priorités en termes de management consistent, avant tout, à renforcer la formation de leurs équipes et seuls 36% des répondants envisagent de mettre en place des aménagements d’horaires. Pourtant, mettre en place de nouvelles formes d’organisation du temps de travail conciliant mieux les attentes des salariés et les besoins des magasins pourrait redonner de l’attractivité au métier en magasin et peut être un bon levier de motivation et de fidélisation des équipes.

Des salariés partagés entre continuité et désengagement… et des employeurs à la recherche d’un nouveau modèle de rentabilité…

Et ce d’autant plus qu’un certain désenchantement vis-à-vis du métier persiste :  vous êtes 1 salarié sur 5 à envisager de le quitter dans les prochains mois. Le recul de la fibre entrepreneuriale se confirme parallèlement avec 16% d’entre vous seulement désireux de tenter l’aventure de la création. Un signe de prudence dans le contexte actuel qui pousse une petite moitié d’entre vous à souhaiter conserver leur poste actuel ou prendre des responsabilités dans le même magasin.

SALARIÉS

En tant que salarié, quelles sont vos aspirations professionnelles pour les mois à venir ? (plusieurs réponses possibles)

En tant que salarié, quelles sont vos aspirations professionnelles pour les mois à venir ? (plusieurs réponses possibles)

Objectif principal pour maintenir CA et marges pour les employeurs : mettre en place de nouveaux modèles. Pour la première fois dans nos sondages, la valorisation de vos prestations arrivent en tête des leviers à actionner. Une stratégie peut-être liée à l’épée de Damoclès que représente le PLFSS 2023 pour les marges de notre secteur.

EMPLOYEURS

De quels leviers disposez-vous pour relever le défi des prochains mois ? (plusieurs réponses possibles)

De quels leviers disposez-vous pour relever le défi des prochains mois ? (plusieurs réponses possibles)

Valorisation de la prestation d’un côté, augmentation des volumes de l’autre par la dynamisation du flux. On le voit, vous êtes très partagés entre adaptation au contexte actuel, y compris par un changement de politique commerciale ou de positionnement, et recherche d’un nouveau modèle de rentabilité. A noter une frilosité (due autant aux craintes d’une contraction de CA qu’à la pénurie de collaborateurs ?) à jouer la carte de l’expansion.

*Fin 2022, nous avons envoyé 2 questionnaires rapides, l’un aux propriétaires de magasin, l’autre aux salariés et aux collaborateurs (plus de 250 répondants).