Selon un sondage que nous avons effectué en juillet dernier (lire Bien Vu septembre 2022, pages 8-9), vous ne seriez qu’un petit tiers parmi les opticiens employeurs à augmenter les salaires d’ici fin 2022… Cette question des rémunérations occupe le devant de la scène en cet automne 2022 et bien au-delà de notre filière.

Augmenter les salaires ou pas, un choix ou une obligation ?

Avec une inflation qui se poursuit (+5,6% sur un an selon l’Insee fin septembre), tous les secteurs sont concernés. D’après 2 enquêtes publiées fin août 2022 respectivement par les cabinets LHH et Deloitte, il y a bien une hausse médiane des salaires au premier semestre 2022… Mais évaluée entre +2,5% et +3%… soit 2 fois moindre que celle des prix.  Au phénomène de l’inflation qui réduit le pouvoir d’achat des Français s’ajoutent, pour certaines entreprises, les bénéfices importants engrangés en 2021. Autant d’éléments qui expliquent la pression sociale forte sur les salaires en cette rentrée 2022.

Mais, en réalité, la décision d’augmenter ou non les salaires dépend surtout des rapports de force entre salariés et employeurs, au sein des filières et de chaque entreprise. La rémunération (dans laquelle on peut englober des dispositifs comme la récente prime de partage de la valeur, voir encadré) est toujours un outil de management et de fidélisation des collaborateurs, même si elle n’est pas le seul levier. Surtout avec les difficultés de recrutement, le manque d’attractivité que connaissent les points de vente optiques, et avec des salaires en magasin qui se maintiennent en moyenne en dessous de 2 000 € nets par mois. A faire la sourde oreille aux demandes des collaborateurs, à ne pas donner un coup de pouce significatif aux rémunérations, l’employeur risque de laisser partir le salarié sous d’autres cieux (un concurrent ou un autre secteur d’activité). On le sait, compte tenu de la pénurie de CV dans notre filière, les « débauchages » de salariés en poste se multiplient. Et comparer explicitement les différents salaires proposés n’est plus rare lors des entretiens de recrutement.

L’inflation et les tensions sur le marché du travail rendent actuellement le rapport de force dans les entreprises favorable aux salariés, c’est un fait. Mais les magasins doivent aussi faire face à des hausses des prix d’achats et à une augmentation de leurs charges (énergie, etc.), sans compter, pour certaines, le remboursement des PGE. Avec comme question : répercuter ou non ces augmentations sur le prix des équipements. La réponse ne peut se faire qu’au cas par cas, en fonction de la stratégie des magasins concurrents de la zone, au risque de voir son flux de clientèle diminuer.

Dans les prochains mois, chacun doit donc trouver un équilibre pour gérer au mieux cette double pression salariale des collaborateurs et inflationniste des fournisseurs. Une équation à plusieurs inconnues pas facile à résoudre.

Prime de partage de la valeur, pour qui et comment ?

Selon la loi du 16 août 2022, avec effet rétroactif à compter du 1er juillet, les employeurs qui le souhaitent peuvent verser à leurs salariés une Prime de partage de la valeur. Ce dispositif est prévu jusqu’au 31 décembre 2023.

  • Quel est le montant ? Jusqu’à 3 000 € (annuel) sans conditions et jusqu’à 6 000 € sous conditions d’intéressement ou de participation.
  • Qui est concerné ? Les salariés en CDI, CDD, à temps plein ou partiel, les contrats d’apprentissage et de professionnalisation.
  • Quelles exonérations ? Exonération de toutes contributions et cotisations salariales et patronales, d’impôt sur le revenu pour les salariés dont la rémunération mensuelle est inférieure à 3 fois le Smic mensuel (1 678,95 € bruts). Pour les salariés dont la rémunération est supérieure, pas d’exonération des cotisations patronales et salariales sur la CSG et la CRDS ni d’impôt sur le revenu.
  • Quand verser cette PPV annuelle ? Jusqu’au 31 décembre 2023, en une ou plusieurs fois (dans la limite d’une fois par trimestre). Elle ne doit pas se substituer à une autre rémunération (13e mois, primes, augmentation de salaire, etc.).