Entre la constitution du stock, les charges et les loyers, pas toujours facile de tenir le choc lors de la création d’un point de vente. Raison de plus pour limiter vos frais d’aménagement. Étapes par étapes, entre bon sens et débrouillardise, ces expériences de terrain pourraient bien vous être utiles…

Aménager son magasin à moindre coût
Gros œuvre : pas de miracle, mais…
Evidemment, le plus simple reste d’opter pour un local commercial ne nécessitant pas de gros travaux préparatoires. Mais lorsque l’on trouve un emplacement idéal, ou un magasin au loyer modéré, il peut être tentant, malgré tout, de se lancer dans des travaux ambitieux… Quitte à s’appuyer sur ses proches. C’est le choix qu’a fait Norberto Fernandes, opticien à Clermont-Ferrand (63). « Aidé par des amis, j’ai pris en charge moi-même l’isolation, les cloisons et l’électricité, ce qui m’a permis d’économiser environ 50 000 €. Cela m’a pris 6 mois mais je ne regrette rien », confie l’Auvergnat, convaincu que les tutoriels en ligne et les conseils en magasin spécialisé permettent de gérer seul ce type de chantier, « à l’exception de tout ce qui est fluides, électricité, gaz ».

Même choix pour Olivier Delhaye et Benjamin Didion, opticiens implantés à Fontainebleau (77) : « Nous avons mis à nu nous-mêmes le gros œuvre, supprimé la climatisation, coupé certaines alimentations en eau. 3 mois de travail, mais rien d’insurmontable tant que l’on se documente ».
Mais pour certains aménagements, faire appel à des « pros » reste indispensable. « Mon local étant une ancienne pharmacie, quasi vide, il fallait le rendre compatible avec mon activité d’opticien. Ajout d’un escalier, surélévation de l’atelier, isolation… Pour ces éléments ‘’structurels’’, j’ai eu recours à un maître d’œuvre », explique Michael Conçu, situé à Stiring-Wendel (57).

Limiter les frais de conception
S’il est tentant de se reposer sur un architecte d’intérieur, aménager son magasin peut se faire en autonomie. Pas besoin d’avoir d’immenses connaissances pour réussir votre projet… Mais attention à bien vous documenter. « J’ai utilisé un logiciel d’architecture, grâce auquel j’ai défini la disposition de mon point de vente, avec des principes simples : une place valorisante pour mon atelier de 10 m2, des lunettes bien exposées et de l’espace pour pouvoir déambuler. Pour trouver l’inspiration, je me suis documenté sur Internet, via Pinterest ou Instagram. On peut alors découvrir des boutiques de tous pays, y compris en dehors de l’optique », poursuit Norberto Fernandes.

Slimane-Geoffroy Eddahmani, lui, l’a jouée… À l’ancienne. « J’ai fait un plan à l’échelle, sur une grande feuille, armé de mon crayon, en ayant mesuré au préalable mes meubles, mon comptoir et mes facings. Vu d’en haut, sans 3D, c’est bien suffisant pour se faire une idée du parcours client dans 60 m2 », confie cet indépendant implanté à Saint-Just-en-Chaussée et à Maignelay Montigny (60).

Faire le choix d’un magasin « simple »
Minimalisme, simplicité, évolutions par petites touches, travaux à l’économie. C’est l’option choisie par Aude Brunet, opticienne à Mortagne-sur-Sèvre (85). « Il a suffi d’un rafraîchissement pour marquer une ‘’cassure’’ par rapport au locataire précédent, lui aussi opticien. Un parquet stratifié au sol, un peu de papier peint, un mobilier en nombre limité mais moderne…Pas besoin d’en faire plus », explique-t-elle.

Garder des petits défauts, volontairement, peut aussi être un choix. « J’ai conservé le comptoir d’origine, celui de l’ancien fleuriste, en raison de sa patine. Il a ‘’vécu’’, mais il colle à mon image d’artisan lunetier. Tout comme mon atelier en planches de bois brut. Pas cher, fonctionnel et cohérent avec mon profil », s’amuse Norberto Fernandes.

De son côté, Slimane-Geoffroy Eddahmani a misé sur la simplicité, faute de pouvoir s’appuyer sur des éléments existants. « N’ayant pas un flux important en magasin, un espace ‘’accueil’’ était facultatif et comme mon atelier est à l’écart, pas besoin de le mettre en scène. Par contre, j’ai soigné l’exposition des montures, bien espacées sur des étagères blanches », explique le Picard, originaire de Creil.

Miser sur la récup’ ou le low cost
Essentiel à la théâtralisation de votre magasin, le mobilier peut être un poste de dépense important, surtout en passant par des prestataires. Mais des astuces existent, quitte à faire preuve d’imagination. « J’aime les brocantes, la récup, même sur Le Bon Coin. Par exemple, je me sers des rainures d’un volet de fenêtre pour présenter certains modèles », explique Lauriane Fagot, installée à Étrelles (35).
Autre option, retenue par Michael Conçu : s’appuyer sur un proche expérimenté. « Mon père m’a aidé à concevoir mon facing enfant. Le résultat est irréprochable, pour un coût finalement comprimé », poursuit le Mosellan.

Reste aussi la possibilité d’acheter des meubles “grand public” et à les intégrer en douceur. « Mes étagères sont issues de la grande distribution, ainsi que mes panneaux muraux. J’ai fait le choix de meubles sobres pour que mes montures soient mises en avant, grâce à des spots assez puissants », ajoute Slimane-Geoffroy Eddahmani. Qui reste convaincu que cette question de l’éclairage reste une affaire de pros. Tout comme Gaël Forraz, propriétaire de 4 magasins Atol (38, 69). « Faire appel à un spécialiste de la lumière fait la différence par rapport à un simple électricien. Éclairage plus puissant, mieux ‘’pensé’’, sans être éblouissant… C’est un point sensible quand on prend possession d’un local », conclut l’opticien. Preuve, tout de même, que la débrouillardise a ses limites.