On l’attendait depuis la promulgation de la loi du 5 février 2019 : l’arrêté autorisant les opticiens à pratiquer des réfractions en Ehpad à titre expérimental a été publié début novembre au Journal officiel. 2 régions, et non pas 4 comme initialement prévu, participent à cette expérimentation à compter de janvier 2022. Une première étape importante dans l’amélioration de la prise en charge des seniors les plus fragiles.
Les opticiens de 2 régions sont autorisés à pratiquer la réfraction en Ehpad dès 2022
Où ?
En Centre-Val de Loire et en Normandie. Dans les départements de ces 2 régions, à compter de janvier 2022 et pour 3 ans, les directeurs de l’ARS pourront autoriser les opticiens à réaliser une réfraction et à adapter, dans le cadre d’un renouvellement de délivrance (ordonnance en cours de validité) les prescriptions de verres et de lentilles (sauf opposition du médecin). L’opticien informe la personne en Ehpad que l’examen de la réfraction pratiqué en vue de l’adaptation ne constitue pas un examen médical. Pour l’équipement, il est également tenu de proposer un devis normalisé comprenant une offre panier A, B, ou mixte en fonction des besoins du patient.

« Sur les 11 départements concernés, plus de moitié sont sous-dotés en ophtalmologistes. Facteur aggravant, dans ces territoires, plus de 30% de la population a plus de 60 ans. »

Les départements de ces 2 régions connaissent des difficultés d’accès aux soins visuels. Selon notre cartographie de la démographie des 3 « O », 7 départements sur les 11 que comptent la Normandie et le Centre-Val de Loire ont une densité d’ophtalmologistes inférieure ou égale à 5,5 ophtalmologistes pour 100 000 habitants. Alors que, dans le même temps, les plus de 60 ans représentent plus d’un tiers de leur population. Or, de l’aveu même du Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France), en-dessous de 8 ophtalmologistes/100 000 habitants, une zone est considérée comme sous-dotée. Et, selon sa dernière étude sur les délais de rendez-vous, publiée en octobre 2021, en Normandie, il faut compter 65 jours pour un RV de contrôle périodique chez l’ophtalmologiste et 42 jours en Centre-Val de Loire.

Comment ?

Si vous êtes situés dans ces 2 régions et souhaitez participer à l’expérimentation, vous devez en faire la demande auprès du directeur régional de l’ARS et fournir :

L’autorisation obtenue est valable 1 an. Après chaque intervention, vous devrez adresser un compte-rendu au patient, médecin prescripteur et médecin traitant. Cet examen peut être rémunéré selon les règles établies dans le cadre de la réforme 100% Santé, soit 10 €. En cas de bris ou de perte, l’opticien peut délivrer sans ordonnance un nouvel équipement.

Et après ?

Un bilan sera établi par les directeurs des ARS concernées, au plus tard 6 mois avant la fin de l’expérimentation. Ce qui devrait conduire à son extension à d’autres régions. C’est en tout cas une première étape en vue d’une meilleure prise en charge de la santé visuelle des seniors.

Pour rappel, près d’un senior sur 2 de 78 ans et plus ne dispose pas d’un équipement adapté à ses besoins visuels. En cause : l’incapacité à se déplacer, un certain fatalisme vis-à-vis d’une baisse des capacités sensorielles, des équipements jugés parfois trop chers, une méconnaissance du parcours de soins optiques… L’autorisation de réfraction et d’adaptation d’une prescription de moins de 3 ans accordée aux opticiens ne règlera pourtant que partiellement le problème. Car c’est l’accès à la prescription qui reste trop souvent problématique : en moyenne, les patients de plus de 75 ans ont une ordonnance qui date de… 8 ans !