Avec l’extension du couvre-feu à 18h sur tout le territoire et un probable « reconfinement » dans les semaines à venir, 2021 débute dans un climat d’incertitudes identique à celui que nous avons connu en 2020. Pourtant comparé à de nombreux secteurs économiques, l’optique a tenu bon avec une baisse de son CA global qui devrait se situer entre -7 et -12% fin décembre, selon différentes sources. Un résultat satisfaisant dans le contexte actuel et de bon augure pour les mois à venir. Mais qui ne doit pas faire oublier les enjeux à relever en 2021.
Selon les derniers résultats de la Banque de France, le commerce de détail optique au mois de décembre 2020 reste stable par rapport à décembre 2019 (+0,05%) et affiche une faible baisse au mois de novembre (-4% contre -24,6% pour l’ensemble du commerce de détail, tous secteurs confondus). Ces dernières fluctuations très modérées du marché s’expliquent par la bonne progression enregistrée au mois de décembre 2019, juste avant la mise en place du 100% Santé. Mais surtout par la forte capacité d’adaptation du secteur au contexte particulier de la crise sanitaire et de ses contraintes (confinements, restrictions de circulation).
« Avec une baisse évaluée entre -7% et – 12% en 2020, l’optique démontre sa résilience »
Grâce à cette agilité, l’optique fait partie des secteurs qui terminent 2020 avec une baisse limitée. Selon nos confrères d’acuite.fr, elle devrait se situer entre -7% et -10%. Un résultat en ligne avec les dernières données de Carte Blanche Partenaires (-8%) ou du Baromètre de conjoncture Xerfi (-12,5%) sur 12 mois glissants de décembre 2019 à fin novembre 2020.
Cette « résilience » de l’optique découle évidemment de ses fondamentaux solides : secteur ancré dans la santé, dynamique de croissance des besoins (vieillissement de la population, prévalence de la myopie, importance accrue du bien voir, etc.), innovations technologiques qui ouvrent sur de nouveaux leviers de croissance …
« La filière dans son ensemble a rebondi avec des outils qui répondent aux besoins des clients dans un contexte particulièrement difficile »
Ces 3 piliers garantissent un bel avenir au marché. Il n’en reste pas moins que, dans sa structure et ses modèles d’activité, il reste soumis à de fortes pressions. Or c’est là l’un des bénéfices de la crise actuelle : la filière dans son ensemble a montré sa capacité à mettre en place rapidement de nouveaux outils et pratiques pour répondre au mieux aux besoins des clients dans un contexte particulièrement difficile. La généralisation des prises de rendez-vous en est l’exemple le plus éclairant : d’une contrainte initiale imposée par les restrictions sanitaires, vous avez su faire un nouveau mode d’organisation bénéfique tant pour votre activité que pour vos clients : meilleure gestion du flux de clients, planning optimisé des équipes, croissance du taux de transformation des devis, enrichissement du parcours client. Avec comme corrélat une image de professionnel de santé confortée auprès des consommateurs et un rôle social renforcé.
La bonne tenue globale du marché masque néanmoins de profondes disparités entre les magasins. Moins en fonction de leur statut (indépendant ou sous enseigne) que selon leur type d’implantation. Les difficultés rencontrées par les points de vente de grands centres commerciaux et de centre-ville des grandes métropoles (où les loyers sont les plus élevés) incitent à la plus grande vigilance en 2021. Même si, selon le cabinet Altares, le nombre de défaillances d’entreprise historiquement bas en 2020 (56 sauvegardes, liquidations et redressements judiciaires, soit -46,2% sur toute l’année, 14 sauvegardes, liquidations et redressements judiciaires, soit -54,8% au 4e trimestre 2020), le restera, au moins, au premier semestre 2021.
Autre point à surveiller : la bonne gestion des PGE (prêts garantis par l’Etat). Le ministre de l’Economie a certes annoncé le 14 janvier 2021 un report possible de 12 mois supplémentaires pour la première annuité de remboursement qui tombe à échéance en mars prochain. Il n’en reste pas moins que ce remboursement rajoute inéluctablement une pression dans un contexte de baisse des CA.
« Point de vigilance en 2021 : les possibles effets déflationnistes sur le secteur d’une situation économique générale dégradée »
Pour l’instant, on ne constate pas d’effet déflationniste sur le marché en 2020. Entre juillet 2019 et septembre 2020, la moyenne des prix facturés par l’opticien reste stable : 304€ pour les équipements unifocaux, 551€ pour les équipements progressifs*. Mais l’optique ne sera pas épargnée par la dégradation de la situation économique générale, peu favorable au commerce dans son ensemble. Et si la crise sanitaire a fait oublier l’impact du 100% Santé sur les CA magasins, cela risque de changer en 2021. Déjà, selon le dernier Baromètre Gallileo, on observe une hausse des consommateurs qui ont acheté une monture à moins de 100 € (plafond de remboursement depuis le 1er janvier 2020) : cette proportion est déjà passée de 28% à 33%.
Tous ces éléments incitent l’ensemble de la filière à aborder 2021 avec autant de détermination que de vigilance.
* Baromètre 2020 Gallileo Business Consulting, enquête réalisée sur un échantillon interrogé entre septembre et octobre 2020 de 4 284 porteurs de 18 ans ou plus, ayant effectué un achat de lunettes entre juillet 2019 et septembre 2020.
Marie-Dominique Gasnier, rédactrice en chef