Alors que le gouvernement confirme aujourd’hui, mercredi 10 juin, la fin de l’état d’urgence au 10 juillet, quel premier bilan tirer de cette période ? Pour la première fois, dans leur immense majorité, les opticiens, comme la plupart des Français, ont cessé leur activité, du jour au lendemain et pour une durée de presque 2 mois. Une situation totalement inédite dont on n’a pas fini de mesurer les conséquences.

Elles sont économiques : le redémarrage dans les magasins depuis le 11 mai semble plus fort que prévu. Une belle reprise tant en volume qu’en valeur, selon les verriers. Mais jusqu’à quand ? Si les ophtalmologistes ont recommencé à prescrire, difficile d’évaluer le niveau d’ordonnances en circulation après l’été. Même chose pour les équipements 100% Santé : les premières remontées des magasins n’indiquent pas une modification du comportement des porteurs vis-à-vis des paniers A et mixte. Leur pourcentage dans les ventes reste inférieur à 20%. Reste à savoir s’il n’augmentera pas avec la diminution du pouvoir d’achat des Français dans les mois à venir en cas de hausse importante du chômage.

Elles sont aussi sociétales. Selon un sondage réalisé mi-mai par OpinionWay, 45% des Français déclarent vouloir lever le pied maintenant qu’ils ne sont plus confinés. La crise a accentué pour beaucoup la question du sens à donner à son travail et imposé un nouvel équilibre entre vie au travail et vie personnelle, en décloisonnant ces 2 réalités. Pour ceux dont l’activité a cessé brutalement, la reprise peut être difficile après une longue période d’arrêt forcé et contraint. De fait, en partie, l’enjeu de la reprise pour les propriétaires, directeurs, managers de magasins, est désormais de remobiliser tous les collaborateurs en intégrant ces questionnements par rapport au travail. Le confinement a également parfois entraîné une démotivation professionnelle qui peut se traduire par une baisse de performance. Sans compter l’anxiété liée au « chômage partiel » et l’incertitude sur la pérennité du poste occupé.

Une activité partielle qui perdure en optique, puisqu’en dépit des bonnes performances du secteur, certains magasins organisent le retour progressif des équipes selon un rythme prudent. Une nécessité compte tenu de la nouvelle gestion des flux de clientèle, imposée par les règles de sécurité sanitaire. Mais aussi une probable anticipation d’un ralentissement à prévoir pour le dernier quadrimestre de l’année. Impossible donc pour les managers de faire l’impasse sur de nécessaires ajustements dans l’organisation des équipes et dans la prise en considération des salariés. Pas de règles en la matière, mais un accompagnement au cas par cas. De ce point de vue, la crise actuelle a ouvert de nouveaux territoires en mettant, plus que jamais, au cœur du débat pour fédérer les collaborateurs les valeurs de confiance, de transparence et d’échanges.

Marie-Dominique Gasnier, rédactrice en chef