-27% : c’est la perte d’activité globale des entreprises à l’issue de la période éprouvante de confinement qui a débuté mi-mars. Annoncé mardi matin par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, ce chiffre illustre l’ampleur de l’impact de ces 2 mois. A l’inverse, il signifie que, début mai, l’économie française est déjà aux trois-quarts active. Parallèlement, la consommation s’est légèrement redressée et affiche une baisse de -30% (contre -35% selon l’Insee début avril). Fin mai, l’épargne « forcée » des Français atteindra 60 milliards €, ce qui représente 5% de consommation potentielle en plus dans les semaines à venir. Tout l’enjeu du déconfinement progressif entamé le 11 mai revient donc à transformer cette épargne en consommation à un rythme suffisant et indispensable pour les entreprises.

Un défi singulièrement difficile à relever pour tous les commerces. Depuis quelques jours, les premières évaluations sur le marché optique circulent : -20%, -30%, -40% d’ici la fin de l’année ? Selon Xerfi, le secteur a enregistré une baisse de ses ventes de -51,5% en mars, soit une chute de -24% sur le premier trimestre. Et le recul devrait atteindre au minimum -95% en avril. Des chiffres qui montrent que l’optique fait partie des secteurs violemment impactés par la crise. C’est sûr, 2020 restera une année noire. Pourtant la filière repose sur des fondamentaux inchangés (croissance des besoins visuels, vieillissement de la population, souci d’une meilleure prévention…). D’où sa formidable capacité de rebond. Les déconfinements entamés dans les autres pays européens en font la preuve : l’activité reprend sûrement, ce qui laisse espérer une sortie de crise d’ici le mois de septembre.

Depuis cette semaine, l’immense majorité de vos magasins, à l’exception de ceux implantés dans les grands centres commerciaux des régions classées en rouge, sont de nouveau ouverts. Avec une double injonction : celle de la sécurité et celle du redémarrage. Parfois contradictoires, ces 2 impératifs vont structurer votre activité pendant les mois à venir. Tous les scénarios sont possibles. Entre maintien de la distance et expérience enrichie en magasin, qu’attendent désormais vos clients ? Entre opticien de santé, dispensateur d’un équipement indispensable, et commerçant de proximité, délivrant soins, bien-être et mode, quel est le sens de votre métier ? La période qui s’ouvre est à la fois incertaine et pleine de d’opportunités. Et la moindre n’est pas de faire de cette crise un accélérateur d’une évolution positive de la profession et de la filière dans son ensemble.

Marie-Dominique Gasnier, rédactrice en chef