Décembre 2025

Mensuel pratique et interactif de l’optique

Édito

Unis, vraiment ?

L’année 2024 a confirmé la solidité du modèle économique des magasins d’optique dans un contexte difficile. Alors que le commerce de détail dans son ensemble reculait de -1,6 % selon Procos, le secteur de l’op tique a poursuivi sa progression : +0,6 % de ventes et +0,8 % de chiffre d’affaires moyen par point de vente, selon l’étude des Moyennes Optiques de Rydge. Charges contenues, maîtrise des coûts salariaux, meilleure gestion des stocks… vous avez su piloter votre activité avec clairvoyance. Pour autant, tous les points de vente n’ont pas été épargnés. Les magasins ruraux, souvent dirigés par un seul opticien, ont souffert : fréquentation limitée, paniers plus modestes et difficultés d’accès aux soins ont pesé sur leur performance. À l’inverse, les commerces de centres-villes ont tiré leur épingle du jeu grâce aux stratégies multi sites, qui permettent de rationaliser les charges et de compenser les aléas de trafic dans un contexte de vacances commerciales grandissantes. Le modèle gestionnaire, longtemps force du secteur, montre aujourd’hui ses limites. Il n’est plus une garantie de succès. Les raisons sont connues : croissance continue du parc de points de vente, forte concurrence entre magasins, pression des Ocam, f lux clients irrégulier, vacance commerciale et porteurs moins enclins à supporter un reste-à-charge conséquent. Plus que jamais, pour préparer l’avenir, les opticiens doivent conjuguer bonne gestion économique et valorisation de leur offre. Cela passera par une diversification ambitieuse vers l’audiologie, la basse vision, le sport, le segment enfant, la contactologie ou encore les lunettes connectées.

Enfin, alors que les besoins visuels vont croissant, vous pouvez vous affirmer encore davantage comme des professionnels de santé de proximité. De ce point de vue, la télémédecine ouvre des perspectives concrètes : les pouvoirs publics vont actualiser son cadre en 2026 et plus de 1 500 de vos magasins sont déjà équipés de solutions diverses, entre téléconsultation et télé- expertise… Gageons que ce cadre mis à jour prendra en compte le rôle des trois “O”, la diversité des territoires et les besoins visuels de l’ensemble de la population.

Mais la formation des opticiens doit elle aussi évoluer et s’harmoniser. Enfin ! Le Cnof (Col lège National des Opticiens de France) et vos syndicats (Fnof, Rof) travaillent à une réingénierie des cursus. Quitte à universitariser la formation et à créer des synergies avec les orthoptistes, comme le suggère Hugues Verdier-Davioud, président de la Fnof ? Partage de locaux, de matériel, économies d’échelle, tronc commun dans certaines matières… Après tout, pourquoi attendre l’exercice professionnel pour rapprocher les 3 “O” ? Une partie de votre avenir se joue ici. Pour mieux répondre aux attentes des Français, pour soigner l’image de la profession, oui. Mais aussi pour fidéliser les jeunes diplômés qui sont le présent et le futur de la filière. Passez de belles fêtes de fin d’année !

Pierre Tourtois-Laurent