Charges reportées, dispositifs d’aide, trésorerie en sommeil : Bien Vu vous donne les clés pour que vos comptes d’entreprise traversent au mieux cette crise.

  1. Bien identifier ses besoins.
    A l’accumulation d’impacts à gérer au quotidien, la crise du Covid-19 a ajouté une avalanche de réglementations et dispositifs instaurés dans l’urgence ou ajustés au fil de l’eau depuis quinze jours. Ils sont le fait de l’Etat, des collectivités ou des établissements bancaires et répondent à des critères d’attribution et d’application aussi détaillés que variés. Si ce cadre d’accompagnement est d’une ampleur inédite, le risque pour les propriétaires ou responsables de magasin est de s’y épuiser à courir après des aides et acteurs pas toujours pertinents pour leur activité et leur situation de trésorerie. Commencez avant toute chose à bien déterminer vos difficultés et besoins afin de cibler les bons leviers et les bonnes aides. Certains cabinets d’expertise comptable, comme KPMG, proposent et partagent d’ailleurs, depuis le début de la crise, des liens d’informations et données pratiques.
  2. Se centrer sur les priorités.
    Elles se résument bien évidemment en un mot clé : la trésorerie. C’est elle qui est en difficulté sur la période d’arrêt et qui donne de la visibilité sur la sortie de crise. Il est donc prioritaire de la sécuriser et d’en faire des projections. L’autre priorité, qui en découle, est la consolidation de la relation avec sa banque. Il est essentiel de l’informer sur vos projections, les dispositifs que vous avez sollicités, le plan d’action que vous suivez.
  3. Agir par étapes.
    Quelle que soit votre situation, la gestion de l’activité suit des étapes clés autour desquelles il est important de s’organiser. En commençant par la mise en sommeil de l’activité. Cela passe par le report des échéanciers (prêts, loyers, charges fixes…) et l’activation des dispositifs de soutien accessibles (en commençant par la mise en activité partielle auprès des Direccte). Ensuite, il est important d’établir un plan prévisionnel de trésorerie et des analyses mensuelles afin de voir comment traverser de la manière la plus sécurisée possible la période. Le troisième aspect consistera à anticiper les bonnes conditions de reprise d’activité – cela se jouera en matière de trésorerie mais également de gestion de fournisseurs ou de personnels. A titre d’exemple, un calendrier à jour des RTT permet de garantir le personnel nécessaire en reprise pour absorber le retour d’une activité attendue dans les tout premiers temps.
  4. S’appuyer sur les bons interlocuteurs.
    Ils sont essentiels pour gérer les urgences, s’orienter entre les dispositifs et établir la bonne stratégie de préservation d’activité. L’expert-comptable et le banquier sont bien évidemment les acteurs pivots. D’autres acteurs moins connus peuvent avoir un rôle important comme les tribunaux de commerce, le médiateur du crédit de la Banque de France qui peuvent être sollicités en cas de difficultés avec votre banque ou un assureur crédit, concernant la gestion des reports d’échéances ou l’extension de découverts autorisés. Le médiateur des entreprises est aussi un relais utile en cas de conflit avec des clients ou fournisseurs.
  5. Profitez de la diversité des aides et dispositifs.
    Si les leviers les plus immédiats et connus (mise en activité partielle, report de crédits d’impôts…) sont sollicités en priorité, ils ne doivent pas faire oublier la diversité d’une mobilisation sans précédent au service des entreprises. Différents fonds se mettent en place pour accompagner les situations les plus spécifiques, comme le fonds de solidarité pour les dirigeants non salariés (qui se retrouvent sans ressources et n’ont pas accès aux indemnités chômage de par leur statut). Des aides sont apportées également à l’échelle régionale avec des ciblages et des modalités qui diffèrent d’un territoire à l’autre. D’autres aides plus locales pourront également se mettre en place dans un deuxième temps, pour notamment assurer la continuité de services dans les zones les plus rurales et enclavées. Renseignez-vous.

Gestion de crise, mode d’emploi

Stéphane Cohen,
associé-fondateur du cabinet d’expertise comptable Wingate

Le principe général de la gestion en situation de crise que nous connaissons bien est de très vite mettre en place une stratégie défensive de cash management, c’est-à-dire d’adapter les sorties de cash aux recettes. Dans une situation inédite comme celle que nous traversons, les recettes étant nulles, il est
urgent que les opticiens agissent très vite et mettent rapidement les leviers disponibles, à savoir :

1. Saisir au plus vite la Direccte pour mettre en place le chômage partiel sur internet
https://activitepartielle.emploi.gouv.fr

2. Arrêter de payer les cotisations sociales, y compris la part salariale, en écrivant aux URSSAF, aux Caisses de retraite et de prévoyance et ce jusqu’à nouvel ordre.

3. Ne pas payer la TVA du mois de
février ni celle de mars en écrivant au service des impôts des entreprises dont ils dépendent.

4. Geler les loyers des magasins en écrivant aux bailleurs et ce jusqu’à nouvel ordre, ce qui veut dire de surtout ne pas payer l’appel trimestriel du 2e trimestre 2020.

Clotilde Marchetti,
associée et responsable de l’offre risques extrêmes au sein du cabinet
Grant Thornton Gestion

La recommandation à donner aux opticiens dont le magasin est fermé, et qui souhaiteraient mettre en œuvre des mesures de continuité à leur échelle, consiste à maintenir le lien avec la clientèle en s’appuyant notamment sur l’ensemble des outils déployés dans le cadre de leur transformation digitale (à condition qu’elle ait été entamée).

1. Déterminer les actions à engager pour fidéliser la clientèle existante : qualifier le fichier client en termes de fréquences et produits, assurer par une newsletter ou sms un lien avec la clientèle pour informer de la façon dont il va maintenir son activité dans le contexte dégradé (rassurer sur l’état de leur commande) et envisager des options de livraison par poste ou coursier…

2. Gérer le stock en lien avec la trésorerie en optimisant le cash et en appliquant toutes les mesures économiques préconisées par le gouvernement pour maintenir les emplois et les prêts bancaires.

3. Engager les futures actions de reprise, notamment en termes de marketing : identifier dans la gamme les produits d’appel pouvant attirer une nouvelle clientèle.